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Promouvoir l’inclusion des personnes autistes

- Julie BOUCHONVILLE

Promouvoir l’inclusion des personnes autistes

Après une longue série théorique le mois dernier, rien de tel qu’un article pratico-pratique : les personnes autistes existent, mon lecteur aimerait leur donner la possibilité d’intégrer ses communautés, mais comment faire ?

 

Éteindre le radar à psychopathes

La première chose à faire, si l’on est neurotypique, c’est calmer son détecteur à personne louche. La plupart des gens en ont un. C’est un outil au fonctionnement très basique, et on constate qu’il est là quand on change de trottoir pour éviter la dame qui parle toute seule ou quand le sourire d’un match Bumble nous met inexplicablement mal à l’aise.

Au quotidien, je ne doute pas que ce détecteur nous évite de trop relationner avec des tueurs en série potentiels[1], mais le problème de cet outil est qu’il a tout à gagner à être trop sensible plutôt que pas assez, et en outre, personne ne sait au juste sur quoi il se base, ce qui veut dire que c’est sans doute une histoire de micro-expressions et de langage corporel. Or, qui n’est notoirement pas au point avec son langage corporel ? Eh oui, nous, les autistes.

Accepter que quelqu’un puisse avoir une attitude qui sonne « bizarre », des contacts visuels fuyants, une intonation un peu étrange ou une manière de bouger peu commune, c’est, au final, accepter les personnes autistes[2].

 

La représentation, encore et toujours

Pour apprendre à son cerveau à quoi s’attendre, on peut prendre l’habitude de consommer du contenu produit par ou intégrant des personnes autistes. Souvent, ce qui nous paraît bizarre est ce qui nous est étranger ; si l’on a l’habitude de voir bouger et parler des personnes autistes, on est moins susceptible de tiquer et de les exclure par pur réflexe.

 

Examiner l’aspect sensoriel des lieux et évènements

Que mon lecteur ait en tête une entreprise, une association, un café ou une salle de classe, ces contextes viennent avec des paramètres sensoriels. Cette fête est-elle bruyante ? Cette rencontre aura-t-elle lieu en extérieur ? Comment est la température de cette pièce ? Qu’est-ce que ça sent ?

Et au sein de ces évènements et/ou lieux, est-il possible de segmenter l’espace pour créer une zone plus calme ?

 

Dire à quoi s’attendre

Les personnes autistes, bien souvent, se connaissent et savent comment elles fonctionnent. Si elles ont eu une expérience sensorielle désagréable liée, par exemple, au travail en open space, elles seront plus rétives à l’idée de travailler à nouveau dans ce contexte. Cela signifie que si mon lecteur pense avoir modifié significativement les paramètres sensoriels d’un contexte, il est pertinent de le signaler sur les supports de communication. Pas besoin d’écrire un roman sur la question, mais une mention comme j’en donne l’exemple ci-après indique ce à quoi les personnes autistes peuvent s’attendre, et renvoie en outre le message que l’on a pensé à elles, et qu’elles sont effectivement bienvenues :

— « Pour le bien-être de nos collaborateurs, nous avons créé une zone de travail volontairement plus calme où le bruit et l’éclairage sont adaptés »

— « Parce que nous pensons que tout le monde est le bienvenu chez nous, les organisateurs du festival Truc Bidule ont prévu une zone de récupération un peu à l’écart, ainsi qu’une période calme (sans musique) le samedi de 11 h à 14 h »

 

Communiquer factuellement

Dans la mesure du possible, si une adaptation peut être faite pour une personne autiste, j’encourage bien sûr mon lecteur à la faire. Néanmoins, il me semble aussi important de communiquer clairement avec les autistes se renseignant, y compris sur les adaptations impossibles, parce que nos besoins sont rarement négociables.

Imaginons qu’Ananas envisage de se rendre dans un salon du livre, mais cela a lieu en plein été, il sait que l’isolation de la salle date un peu, et bref, il a peur que l’endroit soit trop chaud. Fier de ses aptitudes sociales durement acquises, il envoie un message à l’équipe d’organisation en lui demandant si des mesures sont prévues au cas où il ferait très chaud ce jour-là.

Voici quelques réponses qui ne fonctionnent pas, parce qu’elles transmettent une impression ou une émotion plutôt qu’un fait :

« Tout est pris en compte pour que le salon se passe au mieux, nous aurons de quoi rafraîchir tout le monde ! »

« L’été dernier, tout s’est bien passé, même s’il fait un peu chaud, nous ne sommes pas inquiets. »

« Si vous craignez beaucoup la chaleur, nous vous suggérons de regarder la météo à l’avance et d’annuler votre venue si vous pensez qu’il fera trop chaud. »

 

Le type de réponse qui fonctionnerait est avant tout factuel, par exemple :

« Les années précédentes, la température interne dans la salle était de 28 °C, soit sensiblement la même qu’à l’extérieur. C’est le matin qu’il fait le plus frais, à l’ouverture du festival vers 10 h, et cela commence à vraiment chauffer vers 12 h. »

 

Quand une personne autiste pose une question fermée, le plus souvent, elle attend une réponse fermée.

 

La prochaine fois, nous enchaînerons sur la notion d’inclusivité à l’échelle du système, ou comment privilégier des solutions attirantes pour tous les neurotypes et mettre les besoins des personnes au cœur des démarches d’organisation.

 

[1]Encore que, comme toutes les amatrices de true crime le sauront, Ted Bundy était doué pour avoir l’air inoffensif.

[2]Je l’ai déjà souligné dans des articles précédents, mais peu d’enfants sont harcelés à l’école parce qu’ils sont autistes. Ils sont harcelés parce qu’ils sont bizarres. Accepter le bizarre même sans justification est l’une des clefs de l’intégration.


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