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Promouvoir l’inclusion des personnes autistes - Partie 2

- Julie BOUCHONVILLE

Promouvoir l’inclusion des personnes autistes - Partie 2

Cette semaine, j’invite mon lecteur à élargir le champ des possibles : plutôt qu’un système qui fonctionne et auquel on fait des exceptions pour les personnes ayant des besoins spécifiques, ne pourrait-on pas en créer qui satisferait un plus grand nombre du premier coup ?

 A lire également : Promouvoir l’inclusion des personnes autistes - Partie 1

Croire ceux qui demandent de l’aide ?

Il peut être tentant, au moins pour certaines personnes, de se dire que si l’on propose des alternatives moins contraignantes aux personnes autistes et/ou vivant avec un handicap, quelqu’un, quelque part, va en abuser. De cette inquiétude plus ou moins légitime risque de naître un cortège de restrictions, de vérifications et de conditions qui rendent difficile l’accès à ces alternatives.

Je pense personnellement que si les tricheurs existent, ils sont si minoritaires qu’on peut sans doute les négliger, et j’irais même plus loin : si l’on crée pour les autistes une manière de fonctionner qui est si attirante que les neurotypiques aimeraient aussi l’utiliser, c’est l’inverse d’un problème, puisqu’on vient effectivement de concevoir un système inclusif.

Non seulement il me semble pertinent de croire sur parole n’importe qui affirmant que lui aussi préférerait qu’il n’y ait pas de musique dans les magasins pendant un large créneau horaire, ou qu’il serait plus efficace en télétravail parce le trajet est une grosse source de stress, mais je pense que croire ou ne pas croire n’est même pas le sujet. Une société vraiment inclusive n’aurait pas besoin de diviser le monde entre les « les gens normaux » dont les besoins personnels ne comptent pas et « les fragiles » pour qui l’on peut envisager des accommodations à condition que la mise en scène de leur souffrance soit convaincante.

Si nous voulons accueillir les personnes autistes, nous devons accepter l’idée que chaque individu a des besoins propres et que s’il est impossible de satisfaire tout le monde à 100 %, on peut néanmoins trouver des solutions qui améliorent le confort de vie et que chacun peut décider d’implémenter, ou non, dans son quotidien.

 

Que faire face à une ressource limitée ?

Cette réflexion atteint sa limite face à une aide qui n’existe qu’en quantités finies. Par exemple, les zones de stationnement qui comportent plusieurs places réservent en général celles qui sont les plus proches du pôle d’attractivité[1] aux personnes en situation de handicap, pour que ces dernières marchent le moins possible. Ces places sont, par définition, en nombre limité, et si l’on peut arguer qu’un agencement différent permettrait d’en créer plus, ce qui serait une bonne chose, même dans cette configuration l’on serait obligé de faire le tri entre les personnes qui ont le droit d’y avoir accès, et les autres.

C’est vrai, et en même temps, c’est anecdotique.

D’abord, parce que la limitation est peut-être artificielle. Un magasin qui décide de créer une « heure calme », sans musique et avec moins d’éclairages clignotants, et s’aperçoit que tant de clients veulent en profiter que les allées sont bondées, peut aisément décider de multiplier ces moments calmes. Une entreprise, dont les employés travaillent en open space, qui n’a accès qu’à un seul bureau individuel et convoité par de multiples personnes, pourrait choisir d’agencer autrement son espace de travail ou de proposer du télétravail.

Ensuite, parce qu’au cas où la limitation serait matérielle et inaltérable, alors oui, il faudrait réserver l’élément limité aux personnes qui en ont le plus besoin, mais cela trahit un système par définition excluant, et il faudrait idéalement le réétudier.

Je pense par exemple à la procédure pour prendre un TER en fauteuil roulant : elle est hautement pénible, et implique entre autres de prévenir la SNCF qu’un accompagnement est désiré, pour que du personnel qualifié puisse aider la personne en fauteuil à monter à bord du train. Les agents SNCF semblent presque toujours surpris que l’on puisse vouloir prendre le train avec un fauteuil, et la place à l’intérieur du train n’est jamais une garantie, la personne en fauteuil devant espérer que personne n’a rangé ses bagages dans l’emplacement dédié.

Une alternative à ce système serait que tous les wagons soient équipés d’une courte rampe d’accès qui se déploierait automatiquement à l’ouverture des portes. Ainsi pas d’espace entre le marchepied et le quai, l’accès serait plus aisé non seulement pour les personnes en fauteuil, mais aussi pour les enfants, les personnes qui portent des valises lourdes, les personnes qui marchent plus péniblement, etc.[2] Pas besoin de prévenir toute la gare la veille qu’on compte prendre le train, pas besoin d’attirer l’attention sur une différence, le système est prévu pour tout le monde.

Ce n’est qu’un exemple, et ce principe aurait des exceptions, mais la démarche intellectuelle mériterait d’être appliquée à tous les systèmes. On peut créer un fonctionnement inclusif dès le départ.

Lorsque mon lecteur prévoit d’intégrer des personnes autistes à son organisation, quelle qu’elle soit, je l’encourage à réfléchir à un fonctionnement non pas à deux vitesses, la version « normale » et la version « pour autiste », mais à plutôt considérer les besoins de l’ensemble des humains composant cette organisation, autistes y compris. Le dénominateur commun est souvent l’approche la plus inclusive, pas l’inverse.

 

Je laisse ici mon lecteur, et lui donne rendez-vous pour le prochain article, où nous aborderons l’épineuse question des règles de politesse.

 

[1]L’entrée du magasin ou de l’hôpital, le parcours piéton confortable, etc.

[2]Ça ne résoudrait pas le problème de l’espace une fois à bord, certes, mais je pense que là aussi des solutions existent si l’on se donne la peine de chercher.


2 commentaires
  • Tiens, je suis d’ailleurs allé dans un supermarché différent de l’habituel hier soir, et il n’y avait absolument aucune musique ni radio… c’était bieeeeeeeen :).

    Le bruit (modéré) ne me gêne pas vraiment dans mon supermarché habituel, mais je suppose que je paye quand même un prix en fatigue comparé à un lieu silencieux…

    Oli le
  • Bonjour et merci pour ce message

    Je suis tellement d’accord avec vous !
    Au réseau Mom’artre, nous essayons de mettre en œuvre ce principe d’inclusion. Par exemple, le matériel adapté est présenté à tous, même si , dans les faits, certains enfants s’emparent de certains outils plus souvent que d’autres, du fait de leurs besoins spécifiques. Mais il existe aussi des outils comme les tipis ou les kaléidoscopes, que les enfants apprécient d’utiliser, et qui contribuent à détendre l’atmosphère, indifféremment des difficultés de chacun. Pour les casques anti-bruit, il est nécessaire d’expliquer au groupe ou à un enfant en particulier, l’hypersensibilité au bruit.
    Cela va de pair avec la sensibilisation à la différence, qui permet à chacun de prendre conscience de ses atouts, comme de ses faiblesses, dans une société ou le bonheur semble pour le moment, lié à l’uniforme (au sens large).
    Bref. Merci beaucoup pour votre article. J’espère que d’autres commentaires suivront le mien.

    Bonne journée.

    Cilou le

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