
Accessibilité en ligne et autisme
- Julie BOUCHONVILLE

L’accessibilité, tel qu’on utilise généralement le concept, c’est la propension d’un service ou d’un lieu à être utilisable par des personnes en situation de handicap et/ou aux besoins spécifiques. Dans un monde parfait, un lieu serait accessible à tous et toutes par défaut. Dans les faits, pour des raisons de législation mal appliquée ou mal conçue, de budget, d’omission ou de praticité, ce n’est pas toujours le cas.
Mais qu’en est-il en ligne ? Un site internet peut-il être plus ou moins accessible pour les autistes ? Une application peut-elle être capacitiste dans sa conception ? Examinons cela de plus près.
L’accessibilité en ligne existe déjà
Sans être forcément pensée pour les autistes, l’accessibilité des contenus digitaux est déjà une question discutée, et des stratégies sont déployées. Par exemple, l’utilisation de polices d’écriture plus aisées à lire pour les personnes dyslexiques, ou les descriptions d’images qui permettent aux logiciels utilisés par les personnes aveugles de décrire l’image plutôt que de la traiter comme un gros bloc indéchiffrable.
On notera aussi l’utilisation de thèmes de couleurs qui, normalement, permettent d’éviter que les personnes daltoniennes soient fonctionnellement incapables d’utiliser un produit ou service, ou encore l’habitude de systématiquement sous-titrer les vidéos.
A quoi ressemble l’accessibilité digitale pour les autistes ?
Il n’y a pas forcément de formule gagnante à tous les coups, mais de grandes lignes peuvent être tracées[1].
— Limiter le fouillis/bruit visuel : nous avons déjà tous et toutes maudit une page qui, dès qu’elle s’ouvrait, y allait de sa vidéo incrustée, son pop-up de consentement aux cookies et ses trois publicités mobiles censées suivre le défilement, éléments qui une fois mis bout à bout laissent l’utilisateur consulter deux lignes de texte – et encore. Sans aller jusqu’à cet extrême, certaines interfaces sont plus brouillonnes que d’autres, et n’importe quoi qui vient à l’avant-plan sans qu’on le luit ait demandé et empêche de faire ce pourquoi on est là est généralement source de confusion, qu’il remplisse une fonction ou non. De même, les éléments « gratuitement » mobiles ou animés devraient idéalement être fixes.
— Limiter le bruit tout court : ce n’est plus particulièrement à la mode, et c’est tant mieux, mais un clip audio qui se déclenche sans que l’utilisateur le lui ait explicitement demandé est incroyablement agaçant et perturbant.
— Privilégier des palettes de couleurs neutres : parce que les couleurs criardes peuvent être plus pénibles à gérer.
— Les informations devraient être disponibles sous une forme écrite : extraire de l’information d’une vidéo est particulièrement difficile pour les personnes autistes. Certes, une vidéo peut sembler être une approche ludique de la transmission d’informations, mais ce n’est pas vrai pour tout le monde.
— L’architecture du produit/service devrait être aussi cohérente avec elle-même que possible : si les éléments sont agencés d’une certaine façon sur les premières pages que l’utilisateur rencontre, mais que cela change sans raison une fois qu’il consulte d’autres pages, l’expérience utilisateur peut être sérieusement compromise.
— Les limites de temps devraient être évitées : qu’il s’agisse de sessions qui se ferment après un laps de temps sans action ou de rafraîchissements automatiques, tout ce qui impose une limite de temps sur le comportement de l’utilisateur est en général une mauvaise idée.
— Les formulaires devraient être explicites : une explication de ce que chaque case devrait contenir est toujours la bienvenue. Ce qui est évident pour certains ne l’est pas pour tous.
N’est-elle pas déjà mise en place ?
Dans une certaine mesure, oui. Beaucoup des bonnes pratiques mentionnées ici sont assez générales, et tout le monde s’accorde sur le fait qu’une application ou un site intuitifs, aux visuels apaisants et qui laissent le temps d’y faire ce qu’on veut sont préférables à l’option inverse.
Ceci étant dit, ce n’est pas toujours le cas non plus, en particulier pour les formulaires et les limites de temps, alors qu’il ne serait pas plus compliqué de mettre en place des process plus inclusifs.
Face à un site ou une application codés avec les pieds, que faire ?
S’il s’agit d’un service public[2] ou d’une boutique en ligne, il peut être pertinent de contacter l’équipe en charge de la plateforme, pour leur expliquer en quoi exactement cette dernière est peu accessible. Dans le cadre des plateformes de divertissement ou d’infotainment[3], sachant que ces dernières n’ont que peu d’intérêt à satisfaire leurs utilisateurs, je ne me fatiguerais personnellement pas.
Le changement n’est bien sûr pas une garantie, mais si l’on n’informe jamais les gens qu’ils ont commis une erreur, si tant est que l’on puisse appeler cela ainsi, ils ne peuvent pas le deviner.
Mon lecteur est-il déjà tombé sur des plateformes à l’utilisation impossible ? Un élément non mentionné ici lui semble-t-il particulièrement pénible ? Son témoignage est le bienvenu !
[1]La liste ci-après n’étant pas exhaustive.
[2]Est-ce que je pense au guichet unique de l’INPI, par exemple ? Peut-être. Est-ce que je désire maudire la personne qui en est responsable ? Peut-être.
[3]Ce qui fait mine d’être informatif mais qui ne sert à vrai dire qu’à créer l’opportunité de présenter des publicités à l’utilisateur, sous couvert de le divertir.
Pour toute question sur nos articles de blog, contactez la rédactrice à : juliebouchonville@gmail.com
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