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Autisme et Nourriture en excès - Partie 1

- Julie BOUCHONVILLE

Autisme et Nourriture en excès - Partie 1

Nous partageons tous les mêmes clichés liés à l’autisme et à la nourriture : l’enfant qui refuse d’avaler ou même de toucher les aliments inconnus, l’adulte maigrichon qui ne pratique aucun sport et semble se nourrir de l’énergie de l’univers, la personne qui oublie de manger lorsqu’elle est pleinement concentrée et perd du poids au moindre problème.

Ces images ne sont pas venues par génération spontanée : il est vrai que de nombreux autistes ont du mal à manger assez, qu’on parle en termes de calories ou de nutriments, et leur santé comme leur poids peuvent être impactés par cela. Les raisons sont multiples, liées tant à des comportements qui prennent le pas sur la nourriture qu’à des problèmes sensoriels (difficulté à manger certains aliments, à manger en même temps que d’autres personnes ou dans certains lieux, etc.). Parfois, l’alimentation n’est pas en elle-même un problème, mais un métabolisme élevé ou une activité physique intense imposent leurs propres exigences, qui ne sont pas toujours aisées à combler.

 

Néanmoins, le problème inverse existe lui aussi : des personnes autistes peinant à se nourrir sainement, ou à entretenir un rapport détendu avec la nourriture, et qui se retrouvent à consommer plus d’énergie[1] qu’elles en dépensent. Penchons-nous sur la question, et avant d’aller plus loin, j’aimerais prendre ici le temps pour exprimer à la fois ma volonté de bienveillance envers les personnes grosses, mais aussi mon aveu que je suis encore en train d’apprendre à ce sujet. J’encourage mon lecteur, si mon vocabulaire ou mes sous-entendus devaient être offensants, à me le faire savoir.

 

C’est quoi le problème ?

Existe-t-il un problème fondamental avec le fait de trop manger ? Pas automatiquement, que mon lecteur se rassure. Certains organes et fonctions du corps peuvent être impactés par une alimentation trop riche ou trop abondante : cholestérol trop élevé, diabète, problèmes de foie, augmentation du risque général de maladies cardiaques et troubles respiratoires, etc., je ne referai pas toute la liste ici, mais ces risques sont des probabilités statistiques, pas des sentences absolues. On peut absolument manger un peu plus que nécessaire sans que cela ait d’impact sur le corps, de même qu’on peut être gros sans que cela affecte la santé.

Si mon lecteur devait se retrouver, ou retrouver l’un de ses proches, dans les comportements cités dans cet article, mais que sa qualité de vie n’est pas impactée, je l’encourage à m’ignorer de bon cœur. Tous nos comportements n’ont pas besoin d’être pathologisés, ils le sont déjà bien assez.

 

La nourriture et l’appétit

L’on mange, au moins sur le papier, quand on a faim. Et l’on arrête de manger quand on n’a plus faim. Bien sûr les choses sont un chouïa plus complexes que cela, « avoir faim » est un état du corps qui correspond à des niveaux d’hormones précis, eux-mêmes influencés par l’heure, l’activité physique, l’état émotionnel, les substances médicamenteuses et tout un tas de facteurs. De même, « ne plus avoir faim » est un mécanisme qui se met en place dans des situations spécifiques. Toujours est-il que la sensation de faim est le régulateur de nos prises de nourriture.

Ou en tout cas, c’est ce qu’on nous explique depuis toujours, même si dans les faits, nous savons que nous mangeons pour tout un tas de raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’estomac qui gargouille, telles que :

– Notre assiette n’est pas terminée, mais il ne reste pas assez dedans pour faire un second repas, alors autant finir

– Une figure d’autorité a préparé un repas et insiste pour qu’on se serve en abondance, et il serait impoli et cruel de lui dire qu’on n’a pas très faim et qu’on n’a pas envie d’être nourri comme un enfant dans un conte de fées

– De la nourriture désirable a été placée à proximité[2]

– On a soif et il y a des fruits juteux à portée de main

– On travaille sur un projet prenant et c’est le moment de marquer une pause

– On n’a plus faim, mais il y a du dessert

– On s’ennuie

– Une activité est liée, dans notre esprit, à la consommation d’une certaine nourriture, alors on consomme la nourriture sans se poser de question[3]

– Une tâche est frustrante, agaçante ou déplaisante, et grignoter aiderait tellement les niveaux de sérotonine

– Une nourriture hautement désirable est disponible alors que ce n’est pas courant, aussi on est tenté de s’en saturer pour « vraiment en profiter »

– Etc.

 

On pourrait classer ces motivations en trois grandes catégories :

– Les normes sociales

– La mauvaise interprétation/perception des signaux du corps

– Les états émotionnels

 

Je pense qu’à ce stade mon lecteur voit très bien venir le problème, parce que s’il y a bien trois choses auxquelles les autistes ont un rapport compliqué, ce sont les émotions, les normes sociales, et ce que leur raconte leur propre corps.

 

La nourriture en tant qu’élément culturel

Bien sûr, manger n’est pas qu’une histoire de carburant, pour personne. Nous sommes des humains, et nous colorons d’émotions, d’opinions et de narrations tout ce avec quoi nous interagissons. Ceci est aussi vrai pour les autistes.

Nous sommes en outre, plus que la plupart des non-autistes, attachés à des rituels et habitudes, et s’il est normal pour nous de manger à 13 h, il est probable que nous allons manger à 13 h, que l’on ait faim ou non n’entrant pas en ligne de compte.

Nous pouvons également, suite à une enfance avec des parents craignant qu’on ne mange pas assez, avoir pris l’habitude de finir une assiette même si l’on n’a plus faim, ou de toujours prendre un laitage au dessert, ou de manger même si l’on n’a pas faim parce que l’on risque de sauter un repas plus tard dans la journée, et qu’il est important de « compenser ».

 

En tant qu’autistes, nous avons intégré depuis l’enfance que non seulement il nous faut souvent nous livrer à des actions dont l’objectif est un peu flou, parce qu’il « faut le faire », mais aussi que des facteurs externes sont susceptibles d’êtres plus importants que nos préférences personnelles[4]. Il n’est donc que logique que ces processus s’étendent jusqu’à notre prise de nourriture, où parfois nous aurons envie de manger, mais il nous faudra attendre[5], et parfois nous n’aurons pas particulièrement faim, mais il nous faudra manger.

 

La semaine prochaine, nous aborderons les spécificités neurologiques liées à l’autisme qui peuvent amener à une trop grande consommation de nourriture, et nous examinerons ce qu’il est possible de faire pour limiter ce comportement.

 

[1]Selon le comportement alimentaire, le double problème du « trop d’énergie, pas assez de nutriments » est une réelle possibilité, les aliments étudiés pour être désirables étant souvent riches en énergies et pauvres en micronutriments.

[2]Le syndrome du « J’ai ouvert un paquet de chips, sers-toi »

[3]Pop-corn au cinéma, petit snack en faisant les courses, etc.

[4]Je préférerais porter ce short, mais je dois porter ce pantalon, sous prétexte qu’il gèle.

[5]Le classique « j’ai sorti les choses à grignoter pour les invités, ces derniers ne sont pas encore là, aussi je dois regarder les aliments avec chagrin sans y toucher », par exemple.


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