Quels outils visuels pour structurer la journée d’une personne autiste ?

Vous connaissez sans doute ces matins où tout s'enchaîne mal : le lever traîne, le petit déjeuner s'éternise, on oublie l'heure, et c'est la panique pour partir à l'école ou au travail… Imaginez alors la difficulté pour une personne autiste, pour qui l'enchaînement des tâches peut déjà sembler déroutant. Dans ce contexte, les outils visuels jouent un rôle clé pour clarifier la routine et rendre chaque étape de la journée plus prévisible. Je vous propose ici un tour d'horizon des solutions les plus pratiques et concrètes : sabliers, plannings visuels, pictogrammes… À vous de piocher les idées qui résonnent le mieux dans votre quotidien.

1. Pourquoi mettre sur le visuel ?

Pour de nombreuses personnes autistes, l'information visuelle est plus facile à traiter que les explications orales ou écrites. Les mots peuvent rester flous, alors qu'une image, un symbole ou un objet concret se comprend d'un seul coup d'œil. D'où l'intérêt de mettre en place des supports physiques, tangibles, qui encadrent la journée.

1.1. Réduire l'anxiété liée à l'inconnu

Savoir ce qui va se passer après le repas, comprendre qu'on a encore dix minutes de jeu avant d'aller se brosser les dents… c'est rassurant. Les supports visuels permettent de visualiser le déroulement d'une routine, ce qui limite les surprises stressantes.

2. Les sabliers : un repère visuel et temporel

Le Lot de Sabliers s'avère précieux pour ceux qui peinent à saisir la durée. Des sabliers de 1, 3, 5, 10, 15 et 30 minutes fournissent un repère clair : on voit le sable s'écouler, on sait que « c'est en cours, mais ça va finir ». C'est l'idéal pour des activités comme :

• Se laver : on lance un sablier de 3 minutes pour la douche, par exemple.
• Faire un exercice : un sablier de 10 minutes ou 15 minutes pour gérer un temps de travail ou de lecture.
• Temps de pause : un sablier de 5 minutes pour souffler avant la tâche suivante.

L'atout principal : concrétiser l'abstrait. On ne se contente plus de dire « Encore un peu de patience », on montre la durée qui reste.

3. Les plannings visuels pour organiser la journée

3.1. La frise chronologique ou l'agenda imagé

Pour structurer de façon globale, un planning visuel est souvent la base :

• Une suite de pictogrammes  qui représentent chaque étape de la journée (petit-déjeuner, habillage, école, repas, sieste, jeu, etc.).
• Placé sur un support (tableau, frise, agenda), accessible à hauteur de l'enfant ou de la personne autiste.
• On coche ou on retire les images au fur et à mesure que les activités se terminent.

Résultat : on voit clairement ce qui a été fait et ce qui reste à faire. On limite la question « C'est quand qu'on va… ? » ou « Qu'est-ce qu'on fait après ? ».

3.2. Lier chaque étape à un sablier

Pour apporter un complément temporel au planning, on peut associer un sablier à chaque pictogramme : par exemple, un sablier de 5 minutes pour le brossage de dents, un sablier de 10 minutes pour un petit jeu avant de partir en voiture, etc. L'enfant voit non seulement « ce que » il fait, mais aussi « combien de temps » ça dure.

4. Les cartes de transition

Que ce soit en classe ou à la maison, les transitions sont souvent délicates pour les personnes autistes. Un changement brutal peut générer de l’angoisse et de l’agitation. Les « cartes de transition » cohérentes en de petits dessins ou photos symbolisant la prochaine étape : « On va se préparer pour sortir », « On va passer à table », etc. On les montre à la personne quelques minutes avant, pour qu'elle se prépare mentalement. Couplées à un petit sablier, ces cartes permettent de comprendre qu'on a, disons, 3 minutes avant de ranger et de passer à la suite.

5. Les minuteries visuelles ou timers colorées

D'autres outils existants, notamment les timers visuels qui affichent un disque coloré se concentrent au fil des minutes. Ils complètent parfaitement l'utilisation des sabliers, surtout pour des durées longues (30 minutes, 1 heure). L'avantage : aucune notion de chiffre pur à retenir, on se base sur une portion de couleur qui diminue.

6. Créer une routine « béton » : quelques conseils pratiques

1. Être cohérent : si l'on prévoit qu'une activité dure 10 minutes (et qu'on a sorti le sablier correspondant), respectons ce temps. Sinon, on risque de brouiller le repère visuel.
2. Valoriser l'autonomie : encouragez la personne autiste à manipuler elle-même le sablier, à placer les pictogrammes, etc. Elle se envoie alors actrice de son propre planning.
3. Anticiper les changements : quand un imprévu survient (rendez-vous décalé, visite surprise), essayez de l'illustrer : on rajoute un pictogramme, on explique en montrant clairement la nouvelle séquence.
4. Adaptateur au fil du temps : si la personne gère mieux les transitions, on peut présenter des activités plus longues ou plus nombreuses. L'idée est que le support visuel accompagne sa progression.

7. Les bienfaits au quotidien

• Moins d'anxiété : tout est plus prévisible, moins de surprises désagréables.
• Avantage d'autonomie : la personne autiste peut consulter son planning, retourner son sablier, etc., sans nécessairement qu'un adulte doive l'interrompre.
• Diminution des conflits : quand c'est le sablier (ou la frise) qui dicte le temps, ce n'est plus le parent ou l'éducateur qui « impose » la fin d'une activité. On se confronte moins aux protestations du type « Encore 2 minutes ! ».

Conclusion

Pour structurer la journée d'une personne autiste, rien de tel que des outils visuels clairs et parlants. Les sabliers, en particulier, offrent un moyen simple de rendre la notion de temps plus concret, tandis que les plannings et pictogrammes donnent une vue d'ensemble des différentes étapes. Ensemble, ils forment un système rassurant où chacun sait ce qu'il a à faire, combien de temps il lui reste et ce qui va suivre.

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