
Est-ce que c’est vraiment l’autisme ? HPI et hypersensibilité - PARTIE 2
- Julie BOUCHONVILLE

La semaine dernière, nous avons parlé d’autisme et de haut potentiel intellectuel (ou douance). Il peut arriver que ces deux neurodivergences soient confondues l’une avec l’autre, quand elles ne co-existent pas tout simplement. L’hypersensibilité est une autre candidate pour plus ou moins le même set de comportements. De quoi s’agit-il au juste ?
Définition
Les personnes hypersensibles, ultra-sensibles ou hautement sensibles – tous ces termes font référence à la même chose – ressentent les émotions plus fortement que celles qui ne le sont pas. Elles peuvent pleurer aisément, se mettre terriblement en colère, se montrer souvent anxieuses, aimer avec passion, déborder de joie, etc.
L’hypersensibilité n’est pas une pathologie et ne se traite pas en tant que telle. Il peut en revanche être utile à une personne hypersensible d’avoir recours à l’aide d’un professionnel pour apprendre à gérer ses émotions et ainsi éviter qu’elles ne fassent n’importe quoi, ce qui pourrait résulter en de l’anxiété, des comportements d’addiction, des relations peu saines, etc.
Quel impact sur le comportement ?
Cette tendance aux émotions intenses, qui réagissent au quart de tour et parfois de manière disproportionnée, va impacter le comportement de ces personnes : elles auront tendance à l’introspection et à l’anxiété, elles pourront se montrer impulsives et/ou très mal supporter la routine et l’ennui, elles pourront avoir du mal à gérer les conflits et à développer des relations équilibrées, etc. Pour le dire simplement, les émotions de ces personnes ont tendance à déborder et n’en faire qu’à leur tête, et toutes les répercussions que cela peut avoir sont à envisager.
Quel rapport avec l’autisme ?
Les hypersensibles peuvent préférer la solitude parce que les interactions avec les gens leurs semblent épuisantes. Comme les autistes, ils sont fortement empathiques et dans la mesure où ils ressentent tout de manière intense, les émotions des autres peuvent les fatiguer.
Également comme les autistes, certains stimulus sensoriels (la foule ou les bruits forts, par exemple) peuvent aussi les mettre à mal, rajoutant du travail à un cerveau qui fait déjà de son mieux pour tout gérer.
Enfin, comme les autistes, les hypersensibles peuvent parfois « planter » et se retrouver incapables de fonctionner parce que submergés par leurs émotions et/ou les stimulus.
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Mais alors… n’est-ce pas la même chose que l’autisme ?
Non, car comme mon lecteur le voit, si l’hypersensibilité a des points en communs avec certains éléments de l’autisme, l’autisme impacte beaucoup plus d’aspects du fonctionnement d’une personne.
Autisme, HPI, hypersensibilité : d’où vient la confusion ?
Dans l’esprit de trop nombreux spécialistes et du grand public, l’autisme correspond toujours à une image très stéréotypée : c’est un petit garçon blanc qui ne parle pas ou à peine, et se balance dans un coin[1]. Toute personne qui dévie de ce cliché est considérée comme ne pouvant pas être autiste et à partir de là, selon ses comportements problématiques les plus voyants (« ma fille pleure et jette ses jouets par terre tous les soirs en rentrant de l’école », « mon frère est brillant mais il a énormément de mal à se faire des amis »), un autre diagnostic lui est attribué.
De plus, ces autres diagnostics potentiels peuvent être plus attirants pour la personne directement concernée : il n’y a que peu de stigma associé au HPI, par exemple, et cette particularité peut même être perçue comme désirable, alors que ce n’est pas le cas de l’autisme. Il pourrait être plus tentant, dans le cas d’une personne échangeant avec d’autres sur ses ressentis ou lisant des témoignages en ligne, de s’identifier à quelque chose de moins stigmatisé que l’autisme.
Est-ce si grave ?
On pourrait arguer qu’un diagnostic partiel vaut toujours mieux que pas de diagnostic du tout, et si on part comme ça je suppose que ce n’est pas faux, mais je pense qu’on peut aspirer à mieux et que le but des diagnostics reste quand même, jusqu’à preuve du contraire, d’aider les gens. Ce qui implique d’être un minimum précis.
Si une personne est autiste, par exemple, mais accompagnée uniquement dans le cadre de son hypersensibilité, il y a tout un tas de domaines dans lesquels elle pourrait avoir besoin d’aide – ne serait-ce qu’un peu d’aide, de quoi lui faciliter la vie – et qui se retrouvent ignorés.
Conclusion
Un diagnostic est souvent un bon début. Mais il n’est pas une fin en soi, et de ce fait, il peut être utile de continuer à chercher une fois un premier diagnostic – ou auto-diagnostic – posé. Nous méritons, tous, d’être compris dans notre entièreté, d’être soutenus partout où nous avons besoin d’aide, et pas juste dans les aspects les plus acceptables ou compréhensibles de nos bizarre
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[1]Alternative : il a un vocabulaire trop avancé, ne ressent pas d’émotions et n’a pas d’amis.