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Les thérapies ABA : qu’en penser ?

- Julie BOUCHONVILLE

Les thérapies ABA : qu’en penser ?

Sous ce sigle et sa traduction – analyse comportementale appliquée – se cache un ensemble de thérapies que l’on peu résumer comme ceci : le but est de modifier le comportement des personnes qui vont vivre la thérapie afin de leur apprendre des séries d’actions et de leur faire désapprendre d’autres séries.

Aller aux toilettes quand on a besoin d’uriner, saluer une personne dans la rue, regarder son employeur dans les yeux ou mettre ses chaussures pour sortir se promener sont autant de comportements qui composent la vie de tous les jours et qui peuvent être appris même par quelqu’un ne les ayant jamais pratiqués, pour peu qu’on les décompose en étapes.

Hurler quand on ressent de la frustration, frapper les autres autour de soi ou jeter son assiette au sol quand on n’a plus faim sont autant de comportements qui peuvent être désappris avec la bonne méthode.

 

En France, les méthodes ABA ne sont pas remboursées par la sécurité sociale mais sont recommandées – dans le cadre de projets personnalisés – par la Haute Autorité de Santé. Elles donnent d’assez bons résultats dans l’ensemble et beaucoup de parents d’enfants autistes y placent beaucoup d’espoir, en particulier parce que les méthodes d’interventions face à l’autisme en France sont encore trop souvent le combo psychanalyse-packing-camisole chimique. Dans ces conditions, une équipe pluridisciplinaire bien décidée à apprendre étape par étape à une personne comment aller faire ses courses et interagir avec ses voisins prend des allures de don du ciel.

Pourtant, l’ABA fait l’objet de nombreuses polémiques dans les pays où elle est fermement implantée, et ce en particulier de la part d’adultes autistes. En quoi est-elle problématique ? Son efficacité est-elle remise en cause ? Est-ce une pratique vers laquelle se tourner ? Essayons de comprendre les tenants et les aboutissants de ces questions.

 

Les points forts de l’ABA

Le plus gros point fort de l’ABA est très certainement ses résultats : dans la majorité des cas, l’entourage de la personne autiste voit une amélioration de son comportement. Moins de stim, moins d’isolement social, une amélioration du langage et de l’autonomie et ce qui ressemble au moins à une meilleure compréhension de l’environnement alentour et de ses règles. L’ABA peut être pratiquée jusqu’à quarante heures par semaine avec la personne autiste : il ne fait aucun doute qu’à ce rythme, on peut voir des résultats en quelques mois seulement.

Pour les proches des autistes et plus précisément leurs parents, il est terrifiant de réaliser qu’on a un enfant autiste, ce n’est pas vraiment un scoop. Dans un pays comme la France, très en retard par rapport au reste du monde dans sa relation à l’autisme, à la peur de l’inconnu s’ajoute la menace très réelle pour l’enfant de vivre toute sa vie en hôpital psychiatrique puisque les structures d’accueil scolaires sont insuffisantes. Les thérapies ABA répondent à un vrai besoin qu’aucune autre prise en charge ne semble réellement proposer.

 

Quel est le problème des thérapies ABA ?

Un premier point qu’on pourrait relever est que de nombreuses approches éducatives très différentes les unes des autres peuvent se qualifier d’analyse comportementale appliquée. Difficile donc, avant de travailler avec un praticien en particulier, de savoir si c’est une personne fiable ou non.

Beaucoup d’activistes autistes décrient les thérapies d’analyse comportementale appliquée, essentiellement dans les pays anglo-saxons où l’ABA est plus répandue. On peut résumer leurs critiques en quelques points :

 

- L’ABA cherche avant tout à modifier des comportements sans forcément s’intéresser à leurs causes. Cela veut dire que non seulement elle va pouvoir enseigner des comportements avec un manque de contexte rendant la connaissance du comportement peu utile, mais aussi qu’elle va éteindre des comportements utiles pour la personne.

 

- Les praticiens de thérapies ABA sont capacitistes comme la plupart des gens, c’est à dire qu’ils pensent que « avoir un comportement de personne neurotypique » = « être heureux ». L’un des buts de la thérapie ABA lors de sa création était en effet de rendre les autistes « impossibles à distinguer de leurs pairs ». Pas « heureux », « fonctionnels » ou « épanouis ». Juste identiques à leurs pairs. Ce qu’une personne neurotypique va juger comme un comportement anormal qui reflète sans doute un mal-être intense est peut-être le comble de la félicité pour une personne autiste. Si on ne met pas la qualité de vie mais « les compétences » au coeur du programme, on risque de se fourrer le doigt dans l’oeil, voire de rendre des gens extrêmement malheureux.

 

- Les autistes qu’on enrôle dans ce genre de thérapies ont rarement le choix. Que ce soit une question d’âge ou de capacité – réelle ou supposée – à comprendre ce que la thérapie implique, souvent les premiers concernés n’ont pas leur mot à dire. Pire, leur refus de participer et/ou leurs réactions émotionnelles intenses face à ce qui est attendu d’eux sont tout simplement ignorés jusqu’à ce qu’ils finissent par comprendre que rien de ce qu’ils pourront faire ne leur permettra d’éviter la thérapie. Il y a un nom pour ce ressort psychologique : l’impuissance apprise. Le résultat est que de nombreux autistes adultes ayant été traités par thérapies ABA souffrent de stress post-traumatique.

 

- Les thérapies ABA se servent des intérêts spécifiques comme d’une arme. L’intérêt spécifique d’une personne autiste est son sujet préféré, son refuge, son monde personnel. L’en priver en guise en punition ou lui en refuser l’accès jusqu’à ce qu’elle ait accompli certaines tâches est tout simplement cruel.

 

Soit de nombreuses manières de dire que souvent, les thérapies ABA oublient qu’un autiste n’est pas juste un neurotypique qui a du mal à faire ami-ami avec le boulanger du coin. Si on y ajoute la menace vague que n’importe quelle forme de punition est acceptée par les praticiens d’analyse comportementale appliquée pour peu qu’elle soit légale, on comprend pourquoi de nombreux autistes jugent ces pratiques inhumaines et inacceptables.

 

Faut-il rejeter les thérapies ABA ?

Peut-être pas en bloc. Mais les considérer comme une panacée n’est pas la bonne voie à suivre non plus. Dans le cadre d’une prise en charge complète où le bien-être de la personne autiste serait au cœur de la démarche et où on chercherait à adapter son environnement et répondre à ses besoins avant de chercher à la changer, elle… alors oui, pourquoi pas intégrer aussi de l’ABA. Mais pas n’importe comment ni avec n’importe qui.

Si la personne autiste pleure, crie ou doit être physiquement maintenue quand arrive le moment de sa session, elle n’a pas envie de la subir et ne devrait pas y être forcée.

Si le praticien prend en otage les intérêts spécifiques ou les objets de réconfort de la personne autiste, ce n’est pas un bon praticien.

Si le praticien considère acceptable de punir quelqu’un autrement qu’en lui disant quelque chose comme « non ce n’est pas ça », ce n’est pas un bon praticien. Faut-il le dire ? N’importe quelle forme de punition physique est barbare. N’importe quelle forme de détresse psychologique ou émotionnelle générée volontairement en guise de punition est barbare.

Essentiellement, si quelque chose dans la thérapie vous met mal à l’aise, ne serait-ce qu’un peu, il y a sans doute quelque chose qui cloche.

 

En conclusion

Il serait tentant de répondre de manière binaire à la question des thérapies ABA, ne serait-ce que pour clore le débat, mais comme souvent la réalité est plus compliquée. Dans les faits, en tant que personne autiste, je dirais que ma position personnelle est que toute thérapie ABA est dangereuse et suspecte jusqu’à preuve du contraire – les risques pour la personne autiste, si elle devait tomber sur un praticien aux méthodes peu correctes, sont immenses.

Il est néanmoins tout à fait possible de trouver des experts qui respectent les autistes et comprennent les nuances exprimées dans cet article, et dans ce cas les méthodes ABA me semblent parfaitement acceptables et utiles : elles sont, après tout, connues pour leurs bons résultats.

On peut tout à fait envisager un projet de soin et d’apprentissage avec ces méthodes, tout comme on peut le faire sans. Le principal, comme toujours, est de garder en tête l’individualité de chaque personne, et le bien-être des autistes – ce qu’on devrait toujours faire quelle que soit la personne en face de nous, en somme.

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