
Outils analogiques et digitaux Partie 1
- Julie BOUCHONVILLE

Leur compatibilité avec nos neurotypes
Un titre verbeux[1] pour un article qui, je l’espère, ne le sera que peu. Continuant sur ma lancée des articles estivaux plutôt légers, je propose cette semaine à mon lecteur une piste d’outils d’organisation.
Autisme et TDAH : un rappel
Nous l’avons dit et redit sur ce blog, le TSA et le TDAH sont des comorbidités l’un de l’autre, c’est-à-dire qu’une personne autiste est plus susceptible d’avoir un trouble de l’attention qu’une personne non autiste, et inversement. Au-delà de ce point, l’on notera que l’autisme et le trouble de l’attention partagent plusieurs traits, y compris ceux qui nous intéressent aujourd’hui à savoir les difficultés que l’on range sous le terme général de dysfonction exécutive, une mauvaise intéroception, et certains troubles du sommeil[2].
Il me semble donc parfois pertinent, lors de recherches pour des solutions améliorant le quotidien des personnes autistes, de me tourner vers ce que nos collègues TDAH mettent en œuvre.
Des outils qui font quoi ?
Les outils dont nous parlons dans cet article participent à la gestion du temps, des obligations personnelles et professionnelles, et des besoins du corps. En grossissant le trait, on peut considérer qu’ils rentrent dans la catégorie des outils de productivité et/ou d’organisation. Cela peut aller du minuteur à l’agenda en passant par des méthodes agiles de gestion de projet et des rappels de prise en compte des besoins physiques.
L’objectif de tous ces outils est de pouvoir mener une vie plus confortable, tant parce que l’on a honoré ses obligations que parce qu’on vit dans un environnement immédiat bien entretenu[3], dans un contexte prévisible et régulier, avec un corps dont on prend raisonnablement soin.
Ces outils peuvent être conçus comme des stratégies susceptibles d’être proposées dans un contexte de thérapie cognitive et comportementale — et si mon lecteur n’a ni TSA ni TDAH, il se peut qu’il soit un peu mystifié à l’idée qu’il faille mettre en place un système complexe pour boire de l’eau, lancer une lessive et se rappeler que la visio a lieu à 10 h. Mais avoir un cerveau qui s’éparpille ou se focalise à fond sans que l’on puisse contrôler le dosage est un vrai problème, et non seulement ces outils et stratégies existent, en plus sont-ils disponibles en plusieurs versions, d’où notre question du jour : digital, ou analogique ?
Exemples d’outils pour TSA et TDAH
Le but n’est pas ici d’atteindre l’exhaustivité, mais plutôt de citer quelques options. L’écosystème des méthodes de gestion du temps, d’organisation, et d’augmentation de la productivité est vaste et ne saurait être contenu ici.
– Pomodoro : Découpage du temps de travail en blocs de 25 à 30 minutes suivis de pauses de 5 minutes
– Règle des 10-3 : Similaire à Pomodoro mais avec 10 minutes de travail puis 3 minutes de pause
- Timeboxing : Sélection des priorités de la journée parmi une liste de choses à faire aussi complète que possible, puis établissement de créneaux horaires dans la journée, similaires à des rendez-vous, pour chacune des tâches prioritaires
- Taskbatching : Sélection et regroupement des tâches similaires (même zone géographique, même type d’action…) pour minimiser les transitions entre les tâches
– Rétroplanification pour la gestion de projet : Création d’un planning à partir de la date de fin du projet, souvent combiné à une autre méthode permettant d’attribuer des blocs de temps à chaque tâche
– Méthode Alastair pour la gestion de projet : Création d’un tableau à double entrée reposant sur une liste exhaustive des tâches d’un projet, et une série de colonnes marquant le statut de ces tâches (« en cours », « en attente », « en attente du retour d’un tiers »…), l’intérêt du tableau étant que l’on peut considérer tout le projet en un coup d’œil
– Agenda comprenant quotidiennement une section pour les tâches à effectuer et une section pour les évènements ayant lieu
– Marqueurs permettant de visualiser le temps qui passe et où l’on se situe dans la journée
– Rappels — potentiellement intégrés à l’agenda — pour les tâches régulières comme les courses, messages de prises de nouvelles destinés aux proches, l’entretien du domicile, le sport, les rendez-vous médicaux…
– Prise de note exhaustive pour se « vider l’esprit » et avoir le moins de distractions possible en tête
– Mesures de désinvestissement du smartphone : Minuteur et créneaux horaires spécifiques sur les applications, objectif de temps d’écran quotidien, mode « coucher », modification de l’affichage des couleurs… Toutes sortes de mesures qui existent pour limiter le temps passé sur le téléphone
– Suivi de la consommation d’eau : Un suivi manuel, potentiellement avec des rappels, pour s’hydrater régulièrement
Ayant listé quelques outils et, en un sens, éveillé l’appétit de mon lecteur, je le retrouve la semaine prochaine pour parler des forces et faiblesses du digital et de l’analogique.
[1]Et un peu simpliste : il utilise « analogique » comme un synonyme de « low tech » ou « mécanique » quand les choses sont un peu plus complexes que cela.
[2]Bien sûr, toutes les personnes autistes et toutes les personnes ayant un TDAH ne se retrouvent pas dans ces trois traits, mais ils sont courants.
[3]Pour une valeur donnée de « bien ».
Pour toute question sur nos articles de blog, contactez la rédactrice à : juliebouchonville@gmail.com
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Bonjour,
Je vois beaucoup (toute proportion gardée) de gens utilisant le Pomodoro mais d’un œil extérieur il ne me semble pas pratique parce que la méthode empêchant de se disperser, elle empêche aussi de travailler avec les autres pendant le temps de travail et force à utiliser la pause pour répondre aux sollicitations.