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Autisme et identité LGBTQA+

- Julie BOUCHONVILLE

Autisme et identité LGBTQA+

Peut-être connaissez-vous une personne autiste. Si vous lisez ceci, la probabilité est élevée après tout. Et peut-être connaissez-vous aussi une personne LGBTQA+ – entre tous les éléments du sigle, leur nombre peut être estimé aux alentours de 18 % de la population soit un peu plus d’une personne sur six.[1]

Mais connaissez-vous quelqu’un qui cumule ? La probabilité paraît faible… l’est-elle vraiment, ceci dit ?

 

Avant d’aller plus loin, j’aimerais insister sur le fait que personne ne s’intéresse encore en profondeur à l’identité de genre et aux orientations sexuelles et romantiques chez les autistes, que l’autisme est toujours sous-diagnostiqué dans de nombreuses couches de la population, et que même les études qui génèrent des statistiques liées à la population LGBTQA+ sont souvent trop superficielles. Tout ceci pour dire : les données disponibles sont incomplètes et une bonne partie de ce que je m’apprête à dire est plus tirée d’un consensus au sein des communautés (tant LGBTQA+ qu’autistes) que de faits vérifiables.

Tout ceci étant dit : il y a de bonnes chances que l’un de vos proches soit autiste, LGBTQA+, ou les deux. Comment faire quand on est censé lui donner des conseils ?

 

Une double peine ?

Être autiste c’est être différent, être LGBTQA+ c’est être différent, pour l’amour du ciel, pourquoi faut-il cumuler ?

Sans doute à cause de la nature même de l’autisme, répond la communauté autistique. L’un des aspects de l’autisme est une certaine capacité à prendre ses distances avec les normes sociales. Un autiste a peut-être l’air ridicule avec son t-shirt à l’envers, mais au moins les coutures ne grattent pas comme ça. Toujours selon consensus, donc sans preuve solide, c’est le même genre de phénomène qui est à l’oeuvre avec l’identité de genre ou l’orientation sexuelle/romantique : peut-être que selon « les normes » une personne n’est pas censée ressentir telle ou telle chose, mais dans les faits elle les ressent, et il n’y a pas de raison de les ignorer. Une personne autiste est moins susceptible d’avoir une crise existentielle si elle se rend compte qu’elle est non-binaire, par exemple, et donc moins susceptible de refouler les sentiments qui y sont liés. Déjà habituée à vivre avec la différence, elle n’est pas vraiment à cela près et pourra accepter cette partie d’elle-même avec plus de décontraction – et donc plus volontiers utiliser l’étiquette « non-binaire » au quotidien.

Ce n’est donc pas une « double peine » du point de vue de la personne autiste. C’est juste sa réalité. Les autistes sont en général assez pragmatiques vis-à-vis d’eux-mêmes.

 

Et chez les jeunes ?

On a encore peu de chiffres sur la génération Z (les personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2000) et encore moins sur la génération Alpha (les personnes nées début des années 2010 et après), mais ce qui semble ressortir pour l’instant est qu’ils sont plus ouverts vis à vis des questions LGBTQA+ et vis-à-vis de leur santé mentale. Fort à parier qu’ils seront donc encore plus enthousiastes que les milléniaux pour ce qui est d’expérimenter avec leur genre et leurs orientations, et plus prêts à reconnaître des symptômes même modérés de l’autisme.

Une jeune personne, surtout une jeune personne autiste, est-elle capable pour autant de s’identifier de manière exacte comme LGBTQA+ ? Que faire dans le cas d’un enfant ou jeune adulte qui annoncerait fièrement être fluide dans le genre et pansexuel, par exemple ?

On peut être tenté, surtout si la personne est très jeune, de lui répondre qu’elle est encore incapable de décider de ce genre de choses et qu’elle devrait se concentrer sur ses compétences sociales avant d’envisager d’emmener quiconque au cinéma. Mais aurions-nous la même réaction si la même personne nous annonçait fièrement être hétérosexuelle et cisgenre[2] ? Lui dirions-nous qu’elle est trop jeune pour le savoir ? Sans doute pas. Le problème n’est donc pas une question d’âge.

Comment réagir alors ? Comme toujours : en traitant la personne en face de nous comme un humain rationnel. Si quelqu’un affirme quelque chose à son propre sujet, pas juste une fois pour plaisanter mais de manière sérieuse et réfléchie, le croire n’est jamais une mauvaise idée. Quel est le risque de le prendre au sérieux ? Lui montrer qu’on lui fait confiance ? Qu’on le soutient quoi qu’il arrive ? Qu’il est libre de se poser des questions sans crainte qu’on l’aime moins ? Ciel. Vite. Appelons des renforts.

 

Les bonnes pratiques

Quel que soit l’âge de la personne en face de nous qui nous révèle une part de son identité, la première chose à faire est se rappeler que c’est toujours la même personne. Deux heures plus tôt, la veille, une semaine avant : cette personne avait déjà la même identité de genre, les mêmes orientations. Elle n’a pas changé au moment où elle nous a révélé une information. La seule chose qui peut changer, si on le décide, c’est le regard qu’on a sur elle.

Ecouter attentivement ce qu’elle a à nous dire, peu importe le temps que cela lui prend selon ses capacités à communiquer, est crucial.

Poser des questions est généralement le bienvenu, mais il faut éviter toute question qui suggère que la personne se trompe. « Est-ce que tu es sûr ? » est courant mais « Pourtant tu aimes mettre des robes, tu ne peux pas être un garçon ! » manque de classe.

Demander si la personne peut nous envoyer des sites web où nous éduquer sur ces questions est aussi une bonne pratique.

Enfin, expliquer à la personne qu’on l’aime toujours (et lui demander si elle veut de nouveaux pronoms/un nouveau prénom si cela est pertinent) est important.

 

C’est bien gentil mais 1) c’est très effrayant pour le futur et 2) peut-être mon autiste va-t-il changer d’avis !

Peut-être, en effet, que votre proche va changer d’avis dans le futur. Et alors ? Qu’est-ce que cela change ? Ce n’est pas comme si son orientation sexuelle avait un impact sur vous. Le garçon dont vous aviez cru qu’il était une fille s’avère, finalement, être une fille pour de bon ? Cool. Une fille c’est chouette aussi ! Vous pouvez même ressortir son ancien prénom, si elle est d’accord.

Même si quelqu’un change d’avis, il a eu l’opportunité d’apprendre que vous l’acceptiez tel qu’il était. Ce n’est pas une mauvaise chose.

Et oui, le futur peut être très effrayant en tant que proche ou même parent d’une jeune personne LGBTQA+. Mais honnêtement ? Ni plus ni moins qu’en tant que parent d’autiste. Pour vivre les deux, je peux vous assurer que ce sont mes capacités sociales d’huître qui m’ont compliqué la tâche dans le domaine des relations amoureuses, pas mon identité de genre ou mes attirances. Trouver d’autres personnes susceptibles de nous aimer n’est pas compliqué, pas autant que de les maintenir éveillées quand on leur parle de notre intérêt spécifique pendant quatre heures.

 

Que faire si mon jeune autiste me demande des conseils relationnels alors que je ne comprends même pas les relations qu’il envisage d’avoir ?

D’abord, gardons à l’esprit que chaque relation est unique dans tous ses aspects. Ce que je veux dire par là, c’est qu’une fois mis à part les grands principes qui s’appliquent à tout le monde – comme l’importance de la communication – chaque relation sera toujours différente de toutes les autres. On ne peut donc que difficilement donner des conseils précis à d’autres personnes. Comment s’habiller pour un rendez-vous ? Quel genre de rendez-vous organiser ? La pertinence d’amener une console portable audit rendez-vous ? Tout cela dépend plus des personnes impliquées que du bon sens.

Que peut-on, alors, conseiller ? Comme je le disais, le bon sens, les éléments qui s’appliquent quel que soit le genre et les orientations des personnes impliquées. Tout l’aspect « sûreté » des rencards : ne pas se sentir obligé de faire ou d’accepter quoi que ce soit, comprendre qu’on peut partir à tout moment si l’on est trop anxieux ou si le rendez-vous se passe mal, surveiller son verre, etc.

Le « safe sex », c’est à dire, ce qui a trait tant à la protection qu’au consentement, est également d’une importance capitale. Chacun doit comprendre la notion de consentement et pouvoir l’appliquer tant à lui-même qu’aux autres. Et même si parler préservatifs, digues dentaires ou pratiques sexuelles pendant les règles de l’un des partenaires avec votre autiste vous met spectaculairement mal à l’aise, rassurez-vous. Je ne connais personne qui soit 100 % détendu lorsqu’il pense à l’un de ses proches ayant des relations sexuelles. Le fait est que votre autiste va probablement être confronté au sexe à un moment ou à un autre. Mieux vaut que ce soit vous qui lui ayez appris les bases, plutôt que Netflix. (Ou Pornhub.)

Et bien sûr, vous pouvez donner des conseils relationnels généraux : l’importance de discuter, de faire des compromis, de s’intéresser à ce qui intéresse l’autre même si ce n’est pas passionnant au premier abord, etc.

 

Enfin, n’hésitez pas à entrer en contact avec des gens qui s’identifient de la même manière que votre proche autiste afin de leur demander des conseils et, pourquoi pas, de lui parler si cela est pertinent. D’une part ils seront plus au courant de ce qui est utile à transmettre, et d’autre part il est toujours agréable de rencontrer quelqu’un qui nous ressemble. En tant qu’autiste LGBTQA+, on manque de représentation dans les médias et il est difficile de trouver des gens à qui s’identifier et dont s’inspirer. Si vous connaissez quelqu’un qui pourrait faire l’affaire, même de manière partielle, c’est un très bon début.

 

Conclusion

Pour citer Douglas Adams, ne paniquez pas. Vous saviez déjà que la vie de votre proche autiste serait un peu différente de celle de la plupart des gens. Être LGBTQA+ n’est qu’une petite variation sur ce thème et n’empêchera pas votre proche d’être heureux ou épanoui. Surtout si vous le soutenez !

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[1]LGBTQA+ : Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Trans, Queer, Asexuels/Aromantiques, tous les autres. Ce sigle, incomplet par définition car l’expérience humaine est plus vaste qu’un paquet de lettres, recouvre en gros n’importe qui qui n’est pas hétérosexuel, hétéroromantique, ou en accord avec le genre qui lui a été assigné à la naissance.

[2]Être cisgenre (ou juste « cis »), c’est s’identifier au genre qui nous a été assigné à la naissance. La plupart des gens sont cis.


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