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Autisme et masturbation

- Julie BOUCHONVILLE

Autisme et masturbation

Un sujet que nous avons parfois abordé par le passé, notamment en parlant de stim ou d’éducation sexuelle, la masturbation reste une source d’interrogation. Rapport à la masturbation, ce qu’elle dit sur nous, réactions à tenir en tant que proches … Essayons d’examiner ensemble tous ces points.

 

Se masturber, de quoi s’agit-il ?

La masturbation est un ensemble de pratiques et de comportements ayant pour but l’obtention d’un plaisir physique et/ou psychologique. Ces comportements peuvent varier d’une personne à l’autre, selon son appareil génital, mais aussi selon ses habitudes, ses préférences, sa culture, etc. C’est pourquoi il est difficile de dire avec assurance « voilà à quoi ressemble la masturbation pour tous les humains ».

 

Si, dans l’imaginaire commun, on associe surtout cette pratique avec le début de la sexualité et les poussées d’hormones de l’adolescence, il faut savoir que plusieurs enfants prennent connaissance du concept bien plus jeunes. Cela peut avoir lieu lors des explorations de leur propre corps dans le bain, vers deux ou trois ans, ou même encore plus tôt que cela – les témoignages de parents dont les bébés d’environ 12 mois ont découvert la masturbation ne manquent pas.

Bien sûr, les petits enfants ne voient pas dans la masturbation un acte sexuel, mais plutôt la poursuite d’une sensation agréable, réconfortante, et pouvant les aider à réguler leurs émotions.

 

On peut se masturber tout au long de sa vie, avec des fréquences très variables. Certaines personnes passent des mois sans en éprouver le besoin, d’autres le font quotidiennement, voire plusieurs fois par jour. Rien n’est bizarre ni pathologique, pas tant que la personne concernée vit bien sa situation.

 

La personne autiste qui se masturbe

Dans l’absolu, qu’une personne ait un trouble du développement ou non ne change rien à la donne : on se masturbe parce que c’est agréable, et peu importe le neurotype. Il peut être tentant de voir les adultes autistes en tant qu'êtres asexués et/ou enfantins, ce qui pourrait amener à l’idée qu’ils ne pratiquent pas ce genre d’autostimulation. Le fait est que, d’une part, c’est validiste, et d’autre part, comme on l’a dit, même les bébés se masturbent.

Cependant, des problèmes peuvent émerger, et si c’est le cas, chez la personne autiste, il me semble cohérent de les regrouper en trois grandes catégories :

1) Le principal concerné se masturbe trop, ou avec une mauvaise méthode, et en souffre

Comme tous les comportements générant une sensation de plaisir, on est susceptible de devenir plus ou moins esclave de sa masturbation. Si cela évolue en une sorte de premier réflexe dès que l’on ressent de l’inconfort ou de l’ennui, si la personne en arrive à devoir déployer des stratégies de dissimulation au travail, si cela nuit à sa vie professionnelle ou personnelle, alors oui, il y a un problème sur la fréquence. De même, si la méthode préférée finit par générer des lésions de la peau à force de frottements répétés, de dimensions ou de matériaux inadaptés avec l’usage que l’on en a[1],  etc., là encore, il y a un problème manifeste.

Ce n’est pas grave, cela ne fait de personne un individu malade, mauvais ou inférieur d’avoir développé un rapport pas très sain à la masturbation, mais si l’on se retrouve dans une situation où l’on est l’esclave du comportement plutôt que son maître, il est temps d’agir. En discuter avec son psychologue, son médecin traitant ou un médecin totalement inconnu qu’on ne prévoit jamais de revoir sont de très bonnes premières étapes. L'on peut aussi prendre contact avec les bénévoles de Sexualités Info Santé[2], avec qui il est possible de parler de tout sans jugement.

Même si l’on a pris l’habitude de se réguler avec la masturbation, si c’est devenu une sorte de stim un peu machinal, il est envisageable de créer de nouveaux automatismes et de lâcher peu à peu ces comportements qui ne nous réussissent plus tout à fait.

 

2) Le principal concerné ne se masturbe pas ou pas assez, et le vit mal

Cela peut paraître surprenant dit comme ça, mais on peut se sentir mal à l’idée d’être bizarre, de ne pas avoir les mêmes processus biologiques que les autres, ou simplement d’avoir encore un truc qui nous distingue d'eux. Que mon lecteur se rassure : la masturbation, et la sexualité en général, c’est souvent un peu similaire à Instagram. Dans la mesure où aucun chercheur ne vient épier les gens dans leur chambre ou leur salle de bain, il est difficile de savoir ce qu’ils font vraiment, et l’on doit accepter comme authentique une version de leur réalité filtrée par leur propre interprétation. En clair, si quelqu’un nous dit se masturber tous les jours et avoir des relations sexuelles superbes et satisfaisantes quatre fois par semaine, peut-être qu’il nous dit vrai, peut-être qu’il affabule complètement, et l’on ne peut pas trop le prouver.

Mais quand bien même on aurait accès à des sujets très honnêtes, se comparer reste une mauvaise idée. Notre corps est unique, à l'instar de ses besoins, et si une personne ressent moins qu’une autre l’envie de se masturber, ou moins fréquemment, cela ne concerne qu’elle.

Si l’on devait se retrouver face à des amis, des proches ou des partenaires qui suggèreraient que peu  se masturber est un problème ou une source de honte, ce serait le signe qu’il est temps de changer d’entourage. Tout le monde mérite d’être traité avec respect et dignité, et ce peu importe son nombre d’orgasmes mensuels.

 

3) Les proches du principal concerné ont du mal à lui faire comprendre qu’il y a un lieu et un temps pour tout

La masturbation, on l’a vu, est inoffensive et plutôt sympa pour celui qui la pratique. Cependant, elle l’est beaucoup moins lorsqu’elle va à l’encontre des règles de bienséance. En tant que proche d’une personne autiste, on peut se retrouver dans une situation où elle n’a pas assimilé la règle principale qui régit la masturbation, à savoir l’injonction de s'adonner à cette activité en privé.

Si les rappels ne suffisent pas, parce que la personne ne comprend pas ou qu’elle se laisse emporter par le stim sans vraiment en faire la décision consciente, les deux axes d’amélioration majeurs sont d’une part la transformation du comportement lorsqu’on est en public, et d’autre part le changement de configuration lorsqu’il est possible d’avoir accès à une zone privée.

Par cela, j’entends que si la personne en question se masturbe dans la file d’attente de la Poste, zone publique, il est intéressant de détourner son attention et de la ramener dans le moment présent, tout en prenant en compte sa régulation personnelle. Sa volonté de se masturber répondait à un besoin : peut-être avait-elle celui de s’apaiser, peut-être en avait-elle un autre de type faim ou soif mais a mal interprété, etc. En plus de détourner son attention et de lui proposer un stim alternatif, par exemple avec un stim toy, il est pertinent d’enquêter pour comprendre ce qui a déclenché le comportement à ce moment.

Si la personne, en revanche, se masturbe chez elle au calme, mais que l’on est présent, il peut être utile de quitter la pièce en expliquant ce que l’on fait, ou de lui proposer d’aller dans sa chambre. À la longue, les associations devraient se faire, il faut juste un peu plus de temps à certains d’entre nous pour comprendre certains points.

Dans tous les cas, pas besoin d’agir comme si l'on venait d’être le témoin de quelque chose de honteux, ou avec colère : la personne n’a pas en tête qu’elle fait quelque chose qui peut mettre les autres mal à l’aise, sinon elle ne le ferait pas. Les notions de tabou autour de l’intimité sont des conventions sociales, certes utiles et largement partagées, mais pas toujours évidentes pour tout le monde.

Si cette situation devait concerner mon lecteur, je l’encourage à se rapprocher de son équipe médicale afin d’en parler avec elle. Il est important qu’une personne autiste comprenne qu’elle ne devrait pas se masturber en toutes circonstances, ne serait-ce que pour éviter de se retrouver avec un casier pour exhibitionnisme.

 

Conclusion

Il est tentant d’attribuer une valeur morale à la masturbation et à ceux qui la pratiquent, que ce soit dans le sens pudibond ou au contraire, pro-sexe. C’est un réflexe assez normal dans nos sociétés, de se dire que nos habitudes sur ce point révèlent des choses sur nous, nous classent en catégories, participent à notre identité. Au bout du compte, néanmoins, se masturber n’est pas très différent de faire du sport, de manger ou de se nettoyer les oreilles : une activité plus ou moins agréable qui inclut notre corps, qu’on ne ferait pas devant tout le monde, mais qui n’a pas de valeur intrinsèque. Les problèmes naissent lorsque cette pratique se met à consommer notre temps ou notre disponibilité intellectuelle, à avoir un impact négatif sur notre santé, ou à faire du mal à nos proches. Dans ces situations, il est pertinent de chercher de l’aide, que ce soit juste pour parler dans un premier temps, ou pour mettre en place des modifications de nos comportements.

 

[1]Je rappelle ici à mon lecteur que tout objet qui est introduit dans son corps devrait être propre, idéalement recouvert d’un préservatif parce que ce qui a l’air propre ne l’est pas toujours, et étudié pour. Un objet qui n’a pas pour vocation d’être introduit dans une cavité corporelle a toutes les chances d’y rester coincé.

[2]Ils sont joignables par email, téléphone et messagerie instantanée. https://www.sexualites-info-sante.fr/


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