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Comment gérer les sur-stimulations tactiles en tant que parent autiste ?

- Julie BOUCHONVILLE

Comment gérer les sur-stimulations tactiles en tant que parent autiste ?

Être parent, c’est génial. Pas vrai ? Pas vrai ?

Si, bien sûr : avoir des enfants lorsqu’on a choisi d’être un parent et qu’on peut le faire dans des conditions décentes est une expérience complexe, enrichissante et magnifique. Ce n’est pas non plus tout rose, comme n’importe qui qui a déjà dû nettoyer un mur couvert de vomi à 4 h du matin pendant que deux enfants fiévreux hurlent de bon coeur pourra en témoigner.

Être parent quand on est autiste représente son propre lot de défis uniques liés à l’organisation, à la fatigue physique, au regard des autres, aux interactions sociales – parce que oui, on peut avoir du mal à interagir avec son propre enfant – et bien sûr à l’excitabilité sensorielle.

Beaucoup d’autistes vivent avec au moins une forme d’hypersensibilité sensorielle : ils supportent mal le bruit, les couleurs vives ou les lumières clignotantes, certaines textures, certaines odeurs, etc. L’une des théories avancées pour expliquer ce phénomène est que le cerveau autiste a du mal à s’habituer aux stimulus. Un neurotypique dont le pull le gratte peut s’y habituer et ne plus le remarquer. Un autiste va plus facilement le remarquer et ne pourra pas ou peu s’y habituer.

En tant que parent d’enfants en bas-âge, l’un des défis qu’une personne autiste peut rencontrer est la perte d’autonomie vis-à-vis des contacts physiques qu’elle va vivre dans une journée typique. Un enfant entre zéro et cinq ou six ans peut décider de toucher son parent à tout moment et sans prévenir. Pire, un tout-petit est tout à fait capable de hurler non-stop tant qu’il n’est pas pris à bras.

Quel genre d’impact cela a-t-il sur un parent autiste ? Ceux qui refusent de toucher leurs enfants sont-ils de mauvais parents ? Comment expliquer à un enfant qu’on a envie qu’il nous lâche ? Penchons-nous sur la question.

 

Tous les parents en ont-ils marre de leurs enfants par moments ?

Tous les parents du monde aimeraient parfois se téléporter sur une plage où les enfants seraient interdits. Ce n’est pas un manque d’amour ou d’affection, ce n’est pas le signe qu’ils ne gèrent pas la situation, ce n’est pas le premier pas vers un abandon dans les bois façon Petit Poucet.

Entre l’organisation de la vie de famille, un emploi, le manque de sommeil chronique et pour certains la fatigue d’une grossesse récente et peut-être même de l’allaitement, n’importe qui qui ne voudrait pas de temps en temps faire disparaître sa progéniture me paraîtrait très suspicieux. La charge mentale et physique de la parentalité est massive. C’est sain de vouloir la poser de temps en temps, qu’on soit autiste ou non.

 

Peut-on ne pas aimer être touché par ses enfants ?

Oui, et il n’y a pas de mal à cela. J’insiste parce que je sais la culpabilité que peut provoquer une telle réalisation : un parent, et encore pire une mère qui n’aime pas que ses enfants la touchent est une notion qui peut paraître abominable, monstrueuse ou anormale. Ce n’est pourtant pas quelque chose que l’on choisit : soit on aime être touché, soit on n’aime pas ça, et on ne peut rien y faire.

D’autant plus que les enfants ont une manière de toucher leurs parents assez… unique. Ceux qui n’ont pas l’habitude d’interagir avec de jeunes enfants ont peut-être du mal à le réaliser : faire un câlin à un enfant de deux ans n’a rien à voir avec faire un câlin à un chat ou à un humain adulte. Les enfants sont plus ou moins des masses de coudes, de crânes et de genoux qui ne contrôlent pas leurs mouvements et bougent en permanence. Passer une journée avec de jeunes enfants, c’est prendre le risque de recevoir des coups de pied à l’estomac pendant qu’on change une couche, un coup de tête dans les lèvres durant le bain ou une petite voiture en métal au visage à la moindre manipulation. C’est accepter qu’on va nous marcher dessus – littéralement – et nous tirer les cheveux, nous griffer avec des ongles minuscules qu’on aurait juré avoir taillés, nous mordre juste pour voir ce que ça fait et nous attraper la main avec des doigts qui ne cesseront d’être collants que dans trois ans. Et tout ça bien sûr sans parler d’allaitement, un processus qui peut être douloureux même quand tout se passe bien, ou des cas où un jeune enfant est frustré et balance des claques à son parent.

Pas besoin d’être parent au foyer : pour une personne naturellement très sensible au toucher, quelques heures voire quelques dizaines de minutes de ce régime peuvent être nuisibles à l’équilibre mental et donner envie de hurler sur tout le monde.

Je le redis : ce n’est pas quelque chose que l’on puisse contrôler et cela ne fait pas de quiconque un mauvais parent.

 

Que faire pour éviter d’exploser ?

Une approche de la parentalité que je déconseille à tous mes clients est celle qui consiste à subir un comportement en silence jusqu’au moment où la frustration atteint masse critique et où l’on explose. C’est très peu sain pour le parent et l’enfant ne comprend pas le manque de cohérence : on l’a laissé faire quelque chose vingt fois et à la vingt-et-unième, il est grondé. Ca n’a aucun sens et ne lui apprend donc pas d’autre leçon que « mon parent pète un câble par moments ». Quel que soit le comportement problématique, il est important de faire comprendre à l’enfant dès sa première occurrence qu’il est indésirable.

On peut tout à fait expliquer, même à un jeune enfant, que l’on n’aime pas être touché sans prévenir.  Dès deux ou trois ans, un enfant est capable de demander un contact physique plutôt que de se jeter contre son parent dès que l’envie l’en prend. Bien sûr il faudra sûrement le lui rappeler de temps en temps, mais il peut comprendre le principe et l’appliquer dans la majorité des cas. Pas besoin d’en faire une montagne au moment de le lui expliquer non plus ; quelque chose de simple comme « Tu me fais mal quand tu me touches sans me prévenir, mais si tu me demandes la permission je vais sans doute te dire oui » suffit.

On peut également expliquer à un enfant qu’il vaut mieux ne pas remuer comme une sauterelle pendant un câlin. Là encore pas besoin d’entrer dans des nuances complexes : « Tu me fais mal quand tu fais ça, si tu préfères faire le fou pour l’instant, nous ferons un câlin plus tard ».

 

Parfois, bien sûr, le parent pourra refuser un contact – ou l’enfant n’est pas en mesure de comprendre l’explication, par exemple dans le cas d’un nouveau-né. Que faire ? Je regroupe ces problèmes car ils ont la même solution : faire appel à un partenaire.

Si le parent est dans un moment où il ne supporte tout simplement pas d’être touché, c’est le moment de se tourner vers un autre adulte pour qu’il participe aux contacts physiques. Cet autre adulte peut être un parent de l’enfant lui aussi, ou un autre proche, peu importe. Pour peu qu’il soit connu de l’enfant sa présence et son étreinte seront sources de réconfort.

Il est tentant de se dire qu’on peut s’en sortir tout seul, surtout pour les mamans : elles subissent une incroyable pression dans une société qui attend d’elles qu’elles soient la source de réconfort physique et moral de toute leur famille, en plus de tout coordonner et d’être la personne de référence de leurs enfants. Ce n’est pourtant réaliste pour personne. Demander de l’aide, déléguer certaines tâches : tout ceci est parfaitement acceptable au nom de la santé mentale.

 

Un enfant peut-il reprocher à son parent de manquer d’affection ?

Ca dépend : le parent a-t-il de l’affection envers lui ?

Nous exprimons tous notre amour de manière différente. Pour certaines personnes cela passe par le contact physique. Pour d’autres, pas du tout. Et oui, les enfants ont besoin d’être touchés de la même manière que tous les humains ont besoin d’être touchés. Tous ses contacts physiques ne sont en revanche pas censés venir de la même personne et tant que ses parents manifestent effectivement de l’affection envers lui, même si l’un d’eux l’étreint moins souvent, il n’y a pas de raison qu’il se sente délaissé.

 

Un parent devrait-il se forcer à toucher ses enfants ?

Se forcer à avoir un comportement qui est censé être agréable et spontané n’a aucun sens. De plus les enfants sont de très fins observateurs et même s’ils ne comprennent pas pourquoi, ils comprendront très vite qu’un de leurs parents n’aime pas les toucher. Peut-être même qu’ils pourraient en arriver à se demander si c’est de leur faute. Mieux vaut être honnête avec eux, quitte à leur refuser parfois un contact si c’est pour être plus sincère pour le suivant. 

 

Respecter les besoins de chacun

De la même manière que vous ne forcez sans doute pas vos enfants à avoir un contact physique avec quelqu’un quand ils n’en ont pas envie, sachez respecter votre propre autonomie dans ce domaine. Expliquez à vos enfants comment vous vous sentez, et n’hésitez pas à vous faire aider par d’autres adultes. Aucun parent n’est capable de tout faire tout seul et à la perfection. Cela ne devrait pas être une source de honte, pas plus que les défis que représente la parentalité en tant qu’autiste.

 

Et gardez espoir ! Avec un peu de chance, vos enfants seront autistes aussi et eux non plus n’auront pas envie qu’on les touche !

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