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Les mangeurs difficiles et la fin d’année

- Julie BOUCHONVILLE

Les mangeurs difficiles et la fin d’année

Un « mangeur difficile », traduction approximative du concept de « picky eater », est une personne qui ne mange qu’un nombre limité d’aliments ou de catégories d’aliments. Ce comportement n’est pas exclusif à l’autisme mais il ne fait aucun doute que les autistes, plus sensibles aux informations sensorielles et plus prompts à l’anxiété que les neurotypiques, présentent un terrain fertile pour le développement de ce genre de troubles alimentaires.

Lorsqu’on connaît un mangeur difficile, qu’il soit enfant ou adulte, il est tentant de se dire que c’est une question de volonté et que dans certaines occasions, par exemple pour les fêtes de fin d’année, il pourrait quand même faire un effort. Après tout, des tas de gens mangent tous les jours des tas de choses qu’ils n’aiment pas vraiment et personne n’en est jamais mort, pas vrai ?

 

L’aversion alimentaire n’est pas une préférence

Anecdote personnelle : je pense être la mangeuse la plus aventureuse que je connaisse. J’ai virtuellement zéro norme culturelle de ce qui se mange ou non et dans la mesure où quelque chose est comestible je suis prête à le dévorer. Pourtant, je suis devenue végane il y a quelques années. Sans doute par réaction, j’ai décidé d’examiner la liste des quelques aliments que je n’aimais pas (les betteraves, les choux de Bruxelles, les fraises, le tempeh) et de les préparer régulièrement jusqu’à ce que j’y prenne goût. Avec le temps, j’en suis venue à les apprécier.

Qu’est-ce que cette anecdote nous apprend ? Que je n’avais pas d’aversion alimentaire.

Pour le mangeur difficile, un aliment rejeté n’est pas un aliment dont il n’est pas trop fan, qui ne lui plaît pas plus que cela, qu’il trouve décevant. Un mangeur difficile peut ressentir de la nausée et de l’anxiété rien qu’à toucher l’aliment, rien qu’à en sentir l’odeur ou à le regarder dans l’assiette de quelqu’un d’autre. Son dégoût est sincère et intense, et comme tous les dégoûts il a une qualité contaminante : un aliment ayant touché l’aliment détesté peut être considéré comme impropre à la consommation.

Le mangeur difficile sait qu’il a un comportement anormal, au moins dans le cas d’un adulte, mais ne peut rien y faire : même sous la pression sociale, mangeriez-vous quelque chose qui vous dégoûte au point d’avoir du mal à le toucher ? Mangeriez-vous, par exemple, les cheveux que vous avez récupérés dans la grille d’évacuation de la baignoire ? Sans doute pas.

 

De même, la notion qu’un mangeur difficile « mangera quand il aura faim » est risible. Un enfant de cinq ans qui essaye de manipuler ses parents pour avoir une glace finira effectivement par manger ses brocolis s’il ne reçoit rien d’autre. Une personne vivant une véritable aversion alimentaire préférera sans doute avoir faim même pendant un jour ou deux.

 

OK mais… pour Noël ?

Même cette année[1], de nombreuses personnes s’apprêtent à vivre un Noël[2] en famille, réunies autour d’une farandole de nourriture. Des gens passeront des heures et des heures en cuisine, investiront dans des produits de luxe, réfléchiront longuement aux boissons accompagnant chaque plat et chercheront à faire le maximum pour régaler leurs convives. L’une des pires choses qu’ils pourront s’entendre répondre en réaction à tout ce travail est de toute évidence : «  Sinon t’as pas du pain ? ».

C’est pourtant ce qui se produira. Parce que les aversions alimentaires ne partent pas au ski pour les fêtes de fin d’année, laissant des gens qui jusqu’alors détestaient tout ce qui n’était pas une pomme de terre libres de déguster leurs foies gras, crabes et sorbets exotiques.

Je sais, je sais : il est très impoli de ne pas manger ce que l’on nous sert ou, encore pire, de demander à ce que les maîtres de maison préparent quelque chose spécifiquement pour l’un des invités. De nombreuses personnes manifestent leur affection en cuisinant pour les autres et un invité refusant de manger ce qui a été préparé peut être vécu comme une insulte blessante.

Nous ne sommes cependant obligés de voir les choses de cette façon que si nous partons du principe que la personne souffrant d’aversions alimentaires a choisi ces aversions. Si la personne les subit, alors on ne peut pas lui en vouloir, pas plus qu’on en veut aux allergiques aux arachides de refuser de manger un sachet de pralines acheté sur la plage rien que pour eux.

 

Concrètement

Concrètement, que mon lecteur soit hôte ou invité lors du prochain réveillon, qu’il soit celui qui subit l’aversion alimentaire ou un proche de cette personne, je dirais que la meilleure marche à suivre est de lâcher prise. Oui, quelqu’un a du mal à manger des tas de choses. C’est très stressant pour tout le monde, à commencer par la personne concernée. Non, ça n’ira pas mieux pour Noël juste parce qu’on a décidé de dépenser le salaire mensuel moyen du Montenegro en un repas.

Alors autant lâcher prise. Si besoin, prévenez les personnes en charge de la cuisine à l’avance : « Untel ne mangera sans doute pas de ça, non, pas la peine d’en acheter, est-ce que tu veux que je ramène un truc ou est-ce que tu te charges de faire des pâtes ? »

Si quelqu’un décide de prendre ombrage parce que l’un de ses invités ne goûtera pas son spectaculaire rôti de chevreuil, franchement, c’est cette personne qui a un problème et je ne peux que vous encourager à passer moins de temps en sa compagnie. L’année 2020 est presque terminée. Réjouissons-nous des bons moments, a fortiori des bons moments que l’on peut passer en famille, et ne cherchons pas de sources de discorde supplémentaires.

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[1]Si vous lisez ceci dans le futur, sachez que le Noël 2020 devait se faire en comité réduit à cause de la pandémie de covid-19.

[2]Par « Noël » j’entends « un rassemblement familial qui implique un repas sortant de l’ordinaire », mais bien sûr tout ceci est valable même si mon lecteur fête autre chose que Noël.


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