Dysfonction exécutive ou PDA ? Partie 2

La semaine passée, nous avons exploré les différences qui peuvent exister entre le PDA et la dysfonction exécutive, deux ensembles de comportements et de ressentis qui se caractérisent par une grande difficulté, pour la personne concernée, d'accomplir ses tâches et missions. Nous avons vu que ces problèmes sont courants chez les personnes autistes et/ou qui ont un TDAH.

Aujourd'hui, nous nous intéressons à la question pratique : comment contourner ces difficultés ?

De l'importance, ou pas, de la distinction

Cela peut paraître paradoxal pour un article qui se veut une aide pour apprendre à faire la différence entre ces deux mécanismes, mais je pense à titre personnel qu'à la limite, on se fiche un peu du nom que l'on va donner au mécanisme qui bloque la personne. Le plus important est d'identifier en quoi la personne rencontre des difficultés, où et quand elle ressent de la détresse, et de régler ces problèmes avec des stratégies permettant de dénouer, ou de contourner, les nœuds dans sa tapisserie mentale. 

Le nom est utile pour plus d'informations ou pour rechercher avec des tiers, par exemple des professionnels soignants, mais du point de vue de la résolution du problème, il n'offre que peu d'intérêt.

Comprendre la nature du problème

La première a choisi de faire est de comprendre ce que ressent la personne en cause ici. Voici quelques questions qui peuvent aider :

Quand elle ne parvient pas à effectuer une tâche, qu'est-ce qui se passe à l'intérieur d'elle ?

At-elle envie d'effectuer cette tâche ? Ressent-elle une pression à l'idée de le faire, la sensation qu'elle y est forcée ?

Craint-elle le résultat (ou sa réception par des tiers) ?

Ressent-elle de la honte face à sa difficulté ?

Est-ce pire si on lui donne un temps imparti pour accomplir la tâche ?

At-elle l'impression de ne pas savoir comment faire ?

At-elle du mal à arrêter sa tâche précédente pour enchaîner sur la suivante ?

Est-ce un problème d'organisation, at-elle l'impression qu'il lui manque des informations ? 

Enlever de la charge de travail et/ou de la pression

Il est important d'alléger la pression en transmettant à la personne l'idée qu'il est acceptable que la tâche soit mal faite. Ceci peut vouloir dire qu'elle a été faite partiellement, par exemple Citron qui a plié trois vêtements plutôt que toute la pile de linge, et/ou qu'elle a été faite de manière peu recherchée, inélégante, etc., par exemple Mangue dont le rapport a été écrit avec une mise en page atroce et sans aller assez en profondeur sur plusieurs points.

Cela implique, tant pour la personne que son entourage, d'abaisser au moins dans un premier temps ses standards, en gardant à l'esprit la règle suprême : si quelqu'un ne fait pas quelque chose [1] , alors tous les cas où il le fait, même pas très bien, représente une.

Raccourcir la fenêtre de réalisation

Une bonne astuce peut être de commencer la tâche, mais de n'y travailler que pendant un laps de temps très court, quelques minutes tout au plus. L'objectif est juste de rompre l'inertie initiale, et quand dès le début on sait  qu'on ne va avancer sur le projet que pendant 7 minutes, il n'y a aucune pénalité ou sensation d'échec à ne pas l'avoir fini dans le temps imparti.

Une fenêtre de réalisation courte peut prendre plusieurs aspects :

– Je réponds à deux emails sur les 239 que j'ai en retard

– Je plie du linge pendant 7 minutes

– Je range uniquement ma chaussure gauche

– Je bois une gorgée d'eau

Abaisser le seuil de réussite

Pour du plus long terme, il peut être pertinent de déterminer les critères de réussite pour les tâches qui ont tendance à poser problème, et d'optimiser les processus pour que ces critères soient plus efficacement atteints. L'idée est d'avoir des critères de réussite assez bas ; par exemple Goyave, qui a du mal à se préparer à manger, pourrait considérer que le critère de réussite est « avoir mangé un légume et une source de protéines à chaque repas, peu importe la forme », ce qui veut dire que manger deux tranches de jambon et trois carottes crues debout devant l'évier compte techniquement comme un succès. Est-ce un repas qui vend du rêve ? Non, mais c'est mieux que ne pas manger du tout. 

Dans ce contexte, « optimiser le processus » pourrait être d'avoir des légumes déjà lavés et épluchés au frigo, et des sources de protéines nécessitant peu ou pas de préparation comme des légumineuses en conserve, des œufs cuits durs d'avance, etc.

Cette étape implique d'embrasser une certaine forme de médiocrité, ce qui peut être libérateur.

Limiter les évaluations

Enfin, dans la mesure du possible, il sera pertinent pour les niveaux d'éviter d'émettre des jugements sur les tâches accomplies ou la manière dont elles le sont. Il peut être tentant de féliciter un enfant qui range effectivement ses jouets comme on le lui avait demandé, ou de flatter le travail d'un collègue dont on sait qu'elle a du mal en ce moment, mais c'est un piège. L'idée même du travail bien fait ramène la possibilité du travail mal fait , ou les personnes qui ont tendance au PDA devraient idéalement être amenées vers un contexte totalement dénué d'opinions sur leurs réalisations.

Pour limiter la pression, il est préférable d'éviter les remarques comme « C'est très bien rangé, tu as tout trié boîte par boîte, c'est super » ou « le document est très clair, et merci d'être allé vérifier toutes les références de la bibliographie ! ». Mieux vaut ne rien dire, ou valider l'accomplissement avec quelque chose de très neutre qui concerne plutôt l'intention  de la personne comme « Merci de t'en être occupé ! ».

Cet article se faisant déjà long, je laisse mon lecteur ici et le retrouverai la semaine prochaine pour conclure avec la partie 3 le mois de novembre.