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Pourquoi les autistes détestent-ils les tutoriels vidéo ?

- Julie BOUCHONVILLE

Pourquoi les autistes détestent-ils les tutoriels vidéo ?

Les faits : le tutoriel de Youtube

Peut-être ceci vous est-il déjà arrivé, ou est-ce déjà arrivé à votre autiste préféré. Vous cherchez une information, en général quelque chose de technique. Comme effectuer le pliage d’une pâte à pain, nouer une cravate, battre le boss d’un niveau ou forcer Excel à faire ce que vous lui demandez. Les premiers résultats de votre recherche sont des vidéos. Parfois, les seuls résultats de votre recherche sont des vidéos.

Vous cherchez une alternative mais très vite comprenez que vous allez devoir regarder la vidéo. Vous l’ouvrez. Un écran de titre qui dure trois secondes entières met votre patience à rude épreuve. L’auteur de la vidéo a choisi un fond sonore qui vous distrait. La couleur de sa chemise vous pique les yeux. Il commence par vous expliquer à quoi va servir cette vidéo – ce qui est inutile dans la mesure où vous avez atterri là précisément parce que vous cherchiez quelque chose.

Aucune annotation ne vous permet de savoir à quel moment de la vidéo il abordera le vif du sujet. Quand l’auteur commence à remercier ses sponsors, vous décidez d’agir et avancez jusqu’au milieu de la vidéo. Vous vous retrouvez en plein milieu de l’explication. La musique vous agace toujours mais il n’y a pas de sous-titres corrects alors impossible de couper le son. Si vous êtes comme moi, à ce stade vous avez déjà les larmes aux yeux en pensant que si c’était un texte plutôt qu’une vidéo, vous auriez sans doute déjà fini.

Vous revenez en arrière. Le type vous parle de comment il a découvert cette méthode en particulier. Vous insultez sa famille. Vous avancez la vidéo. Le type explique comment faire. Il va trop vite et vous ne suivez pas bien ses gestes. La musique vous déconcentre toujours.

Vous revenez en arrière une seconde fois. Vous entendez la fin du speech sur les origines de sa méthode puis essayez de bien suivre tout ce qu’il dit et fait à l’écran. L’image prend le dessus sur le son et un détail à l’écran vous rappelle un souvenir, qui vous en rappelle un autre, qui vous rappelle que vous avez soif et que ça fait vingt minutes que vous vous dites que vous devriez boire. Vous hésitez à mettre la vidéo en pause. Vous vous rappelez que vous êtes en train de regarder une vidéo pour trouver une information précise. A ce stade le type a fini sa démonstration. Vous n’avez toujours pas compris ce qu’il fallait faire.

Vous revenez en arrière. Vous commencez à connaître certaines sections de phrases par coeur. Cette fois hors de question de décrocher. Cette fois c’est la bonne. Vous concentrez chacun de vos neurones sur l’explication. Vous suivez tout ce qui est dit. Vous observez chaque geste. Vous savez comment faire à présent. Exultant, vous refermez l’onglet. Vous vous penchez sur votre problème, votre boss à abattre ou votre tableur peu coopératif. Cette fois vous allez y arriver. Cette fois… cette fois… cette fois vous n’êtes pas sûr de vous rappeler de la deuxième étape. Où cliquer, déjà ? Comment enchaîner après la première action ?

Votre curseur hésite au-dessus du bouton pour ouvrir un nouvel onglet. La perspective de regarder la vidéo en entier à nouveau vous donne envie de pleurer.

Vous laissez tomber.

 

Ce qu’on reproche au tutoriel en vidéo

Plusieurs aspects du cours ou de l’explication sous forme de vidéo sont agaçants pour les autistes qui ont tendance à avoir du mal à se concentrer si le sujet ne les passionne pas, dont le cerveau est vite trop ou pas assez stimulé, et qui aiment profondément être en contrôle de l’activité en cours.

 

L’impact sensoriel d’une vidéo

D’abord, les aspects sensoriels d’une vidéo peuvent être mal conçus. Quelqu’un qui parle trop fort, qui a une voix ou un tic de langage agaçants, trop de musique en fond sonore ou trop de couleurs à l’écran, va être insupportable pour un autiste. N’oublions pas que quand on cherche une information de ce genre, on est souvent au milieu d’une tâche qu’on ne voulait même pas interrompre. Ce n’est pas le meilleur moment pour gérer des distractions aussi superflues qu’inattendues.

 

L’information sous forme narrative et la perte de temps

Une vidéo, surtout si elle est faite par un amateur plutôt que par un organisme de formation, va souvent prendre une forme narrative – justement pour ne pas donner l’impression à des abonnés que son auteur n’a fait que le minimum. La narration est souvent vue comme une valeur ajoutée du point de vue des abonnés : des gens qui aiment le contenu de ce créateur en particulier et qui le suivent au moins autant pour sa personnalité que pour les informations qu’il partage.

Le problème est qu’une information « cachée » dans un enrobage de narration est effroyablement agaçante à trouver pour quelqu’un qui n’a que faire du créateur et qui n’est venu sur cette page que pour qu’on lui explique comment effectuer une action.

Cela crée beaucoup de frustration parce que la seule chose à faire est attendre que tout soit fini pour essayer d’établir un résumé concis en recollant mentalement les morceaux d’informations distillés ici et là. Par rapport à un texte explicatif, même un texte se voulant un peu narratif, cela représente une perte de temps énorme – et qui paraît d’autant plus énorme qu’elle a lieu à un moment où on aimerait aller vite et droit au but.

 

Subir la perte de contrôle

Lorsqu’une personne lit un texte, c’est elle qui en contrôle tous les aspects : le rythme, l’ordre dans lequel elle lit les paragraphes, si elle le lit en diagonale ou en profondeur, …

Lorsque la même personne doit se résoudre à regarder une vidéo, elle n’a aucun contrôle. Sans timestamps de référence fournis par l’auteur de la vidéo, impossible de savoir à quel moment une chose sera mentionnée ou non. La seule option possible est de rester assis, parfaitement attentif pendant dix minutes parce qu’on ne sait jamais quand une donnée va être fournie, et espérer ne rien rater.

 

Les autistes sont facilement distraits

Ce n’est un secret pour personne, à moins que nous ne soyons immergés dans un sujet qui nous passionne, il ne nous faut pas grand-chose pour dérailler notre train de pensées. Souvent nous réalisons, dix minutes plus tard et avec beaucoup d’anxiété, que nous n’avons rien entendu de ce qui se disait depuis un moment et que nous sommes désormais en train de nous demander quelles dimensions peut bien avoir la plus grosse grue en origami jamais pliée.

Prêter une attention absolue à une vidéo alors même qu’à l’écran quelqu’un nous parle de quelque chose qui ne nous intéresse même pas… est mission impossible.

 

L’impossibilité de relire un passage

Je fais partie de ces gens qui sont susceptibles de regarder l’heure, ranger leur portable, ressortir leur portable parce que l’heure ne s’est pas imprimée dans leur cerveau, regarder l’heure à nouveau, ranger le portable, et le ressortir deux minutes après parce que si cette fois ils l’avaient bien lue, ils ne l’ont pas vraiment retenue.

Ca vous rappelle quelqu’un ?

Quand je regarde un tutoriel vidéo, non seulement je dois rester attentive, survivre aux stimulis et résumer les informations en un tout cohérent, mais je dois aussi m’en rappeler du premier coup. Ca ne se fera pas. Je le sais, mon chat le sait, vous le savez. Mais je ne peux bien sûr pas retourner lire la ligne où je sais que l’information se trouvait : je suis obligée de retrouver le timestamp exact que personne n’a noté nulle part.

 

Comment rendre son tutoriel plus accessible

Je comprends que pour certains créateurs de contenu, le texte ne soit tout simplement pas un média pratique. Soyons honnête : le mieux serait toujours du texte enrichi d’images. Si ce n’est pas possible, ceci dit, comment faire pour s’assurer que plus de gens pourront se servir confortablement de vos vidéos ? Quelques modifications simples devraient faire l’affaire :

— Limiter la musique autant que possible : si on ne peut s’en passer, la baisser fortement serait un bon début.

— Ne pas crier. Moi-même je parle plus fort quand je suis enthousiaste, j’apprécie que ce ne soit pas toujours facile. Mais faites un effort.

— Essayer d’aller droit au but. Si vous tenez à expliquer que c’est votre grand-mère qui vous a appris cette technique, triez autant que possible la narration inutile et les informations pures, pour qu’on puisse zapper les passages qui ne nous intéressent pas.

— Utiliser des timestamps que vous mettrez dans la description. Si votre vidéo explique comment effectuer les trois nœuds de cravate les plus courants, notez quelque part les timestamps correspondant pour que les personnes regardant la vidéo ne soient pas obligées d’endurer un cavendish quand elles voulaient le balthus.

 

Comment aider une personne autiste avec un tutoriel vidéo

Si vous voulez rendre service à la personne autiste de votre vie, vous pouvez regarder la vidéo pour elle et, selon votre niveau de dévotion, lui pointer les timestamps importants ou carrément lui écrire un résumé. Elle vous en sera éternellement reconnaissante.

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