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Stratégies spécifiques à la dysfonction exécutive : les conséquences

- Julie BOUCHONVILLE

Stratégies spécifiques à la dysfonction exécutive : les conséquences

Nous continuons cette semaine notre série sur la dysfonction exécutive typique de l’autisme et du TDAH, et abordons enfin les interventions spécifiques à mettre en place. En guise de précaution introductive, je préciserai que les interventions citées ci-après ne peuvent pas fonctionner pour tout le monde, et n’y prétendent d’ailleurs pas. Que mon lecteur n’hésite pas à tester des stratégies, à adapter leur mise en place pour mieux convenir à son propre quotidien, et à abandonner celles qui n’apportent pas satisfaction.

 

Un système de conséquences cohérent

Imaginons que je doive amener au point de collecte du verre les 53 bouteilles, bocaux et fioles qui s’entreposent dans mon garage[1]. Mais, au moment où mon agenda me rappelle que c’est le moment de m’atteler à cette tâche pénible, je suis sur le point de me mettre à écrire un article, et je n’ai pas le bazar de mon garage sous les yeux. Si j’accomplis bel et bien la tâche, j’aurai certes la satisfaction du travail accompli, mais sans plus, et si je ne l’accomplis pas, aucune conséquence négative ne s’abattra sur moi, et la situation actuelle — quelques sacs en papier où attendent tristement des bouteilles vides — se maintiendra. L’on peut arguer que plus j’attends et plus la tâche sera pénible, mais c’est une conséquence floue et nébuleuse, jeter 54 ou 55 objets n’étant pas bien pire qu’en jeter 53.

L’un des paramètres d’une situation qui mène à la dysfonction, c’est ce que je viens de décrire : un manque de conséquences. Effectuer une action n’amène pas de récompense intéressante, l’oublier ou la remettre à plus tard n’a pas de coût immédiatement lisible comme tel, ce qui veut dire que notre cerveau est encouragé à se tourner vers des activités qui lui paraissent plus tangibles.

La bonne nouvelle, c’est que sachant cela, il est plutôt aisé de ramener des conséquences dans le quotidien.

 

Punition et récompense de la personne autiste

Attention, j’attire l’attention de mon lecteur sur la nuance entre une conséquence tangible et une conséquence émotionnellement impactante. Qu’il cherche à les appliquer à un tiers ou à lui-même, l’important est que les conséquences des actions soient aisées à comprendre, immédiatement perceptibles, et tangibles. Cela ne veut pas dire qu’il faut nous récompenser ou nous punir, deux concepts très teintés d’émotions et qui peuvent nous détourner totalement de l’objectif.

 

Astuces pratiques pour combattre la dysfonction exécutive

To-do list

Une première approche très simple peut être la création d’une liste de tâches quotidiennes qui soit réellement complète. J’entends par là qu’il conviendra d’y noter les corvées et les tâches professionnelles, bien sûr, mais aussi tout le reste : boire X verres d’eau, s’habiller, se brosser les dents, se coiffer, regarder Y épisodes de la série en cours, passer Z blocs de quinze minutes à s’intéresser à l’intérêt spécifique du moment, manger tel petit goûter intéressant, etc.

On prendra également le soin de déconstruire les tâches complexes en plusieurs étapes, qui pourront chacune être cochées une fois accomplies : s’occuper de la lessive, par exemple, peut être séparé en plier le linge propre, le ranger, laver le linge sale, et l’étendre/le sécher.

Quel intérêt ? En créant dès le début de la journée une dynamique où la satisfaction de cocher une case dans la liste est régulière et aisée à obtenir, on augmente la probabilité de l’utiliser tout au long de la journée et donc d’effectivement accomplir tout ce qui y est noté.

 

La gamification du quotidien de la personne autiste

Une variante de la stratégie présentée ci-dessus consiste en l’utilisation d’applications de gamification — concept qu’on peut traduire par l’idée de transformer une chose en un jeu. Ces applications proposent, dans les grandes lignes, d’y renseigner les tâches quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles, etc., puis mettent en place un système d’attribution de points voire d’amélioration de statistiques personnelles hérité des jeux vidéos. Certaines proposent de travailler à l’échelle individuelle, d’autres incluent plusieurs membres de la famille qui peuvent alors se battre pour les tâches (les plus pénibles rapportant bien sûr plus de points), ou collaborer pour atteindre des objectifs communs.

Si ces applications nécessitent pas mal d’investissement de temps en amont pour tout renseigner, elles sont plutôt efficaces pour amener des conséquences positives tangibles. Encore faut-il jouer le jeu, et prendre l’habitude de s’en servir plusieurs fois par jour[2].

 

Je recommande personnellement :

– Our Home, qui permet de gérer les tâches ménagères de toute une famille

– Pixy (similaire, mais plus collaboratif)

– Habitica, gestion des habitudes quotidiennes (sport, corvées, hygiène, travail, loisirs…) à l’échelle individuelle

 

Les bocaux des conséquences

Cette astuce peut nécessiter d’enrôler un tiers, mais permet d’amener des conséquences tangibles à moindres frais. Il suffit d’avoir sous la main deux grands bocaux transparents, ainsi qu’une quantité généreuse de grosses perles en bois, billes chinoises ou d’aquarium, dés, jetons, petits galets, ou n’importe quoi de similaire.

À chaque fois que la personne ayant un problème de fonction exécutive parvient à effectuer une tâche ou une étape de tâche prévue, un jeton est ajouté au bocal des conséquences positives. À chaque fois qu’elle ignore une tâche — comme dans mon exemple du début de cet article — et ce tous les quarts d’heure[3], un jeton est ajouté aux conséquences négatives.

On peut ajouter une « grosse récompense » lorsque le bocal du positif est rempli, mais je déconseille d’ajouter une punition massive lorsque le bocal du négatif est rempli : qu’il soit visible suffit.

 

Quel intérêt de procéder ainsi ? La personne obtient en temps réel un feedback sur ses actions, sans coloration émotionnelle ni jugement.

Comme pour les autres stratégies mentionnées plus haut, il convient d’utiliser le système pour qu’il fonctionne, ainsi que d’investir du temps en amont pour formaliser le fonctionnement des bocaux et éviter tout sentiment d’injustice qui en rendrait l’usage contre-productif.

 

Conclusion

Les conséquences ne sont bien sûr qu’une pièce dans la machine complexe de la fonction exécutive, mais de travailler sur la question permet, dans mon expérience, de voir rapidement des résultats. La semaine prochaine, nous nous intéresserons au rythme de travail et pourquoi la gestion du temps de travail de la personne autiste est primordial.



[1]Ceci est un exemple pris au hasard et ne reflète en rien l’état de mon propre garage, naturellement.

[2]Si, comme moi, mon lecteur estime passer déjà trop de temps sur son portable et préfère une alternative analogique, il est bien sûr tout à fait possible d’étudier les applications en question et d’en voler les mécanismes les plus intéressants pour les reproduire dans un carnet, journal, ou tableau blanc familial.

[3]Ou toute autre unité de temps qui semble pertinente.

Pour toute question sur nos articles de blog, contactez la rédactrice à : juliebouchonville@gmail.com


1 commentaire
  • Super intéressant !
    Ça sent le vécu. Ces stratégies me semblent très adaptées, je vais tester ça très vite chez moi… (pour moi y compris) !
    Un grand merci 🙂‍↕️

    Lassailly le

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