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Corriger la dysfonction exécutive chez la personne autiste

- Julie BOUCHONVILLE

Corriger la dysfonction exécutive chez la personne autiste

Je parlais récemment de cette dysfonction déplaisante avec une collègue, et ce faisant je me suis aperçu que mon dernier article sur la question[1] datait de 2021, et ne proposait que quelques solutions de manière superficielle. Considérant que le sujet intéresserait plus mon lecteur qu’une énième variation sur le thème de « pourquoi votre proche autiste ne va pas sembler fou de joie à l’idée des fêtes de fin d’année (et six astuces pour ne pas lui en vouloir de bouder la bûche glacée !) », me voici avec de la fonction plein ma hotte.

Nous commencerons cette semaine par un rappel de comment marche la fonction exécutive, et début janvier, nous enchaînerons sur les actions correctives à déployer.

 

Qu’est-ce que la dysfonction exécutive ?

Les fonctions exécutives, d’abord, sont un ensemble de mécanismes qui nous permettent de faire des choses, pour le dire simplement. Ils interviennent dans la création et la mise en œuvre d’un plan d’action, et voici un exemple illustrant les moments où nous nous en servons :

– Identifier un objectif à atteindre : cuisiner un repas du soir pour trois.

– Identifier les différentes étapes nécessaires : trouver quoi cuisiner, se lever de sa chaise, se laver les mains, rassembler les ingrédients, vérifier que la bonne casserole est propre, sortir le matériel, éplucher les carottes, rincer le riz, faire tremper les lentilles, aller chercher une nouvelle bouteille d’huile dans la réserve…

– Ordonner les étapes selon la chronologie et la hiérarchie de pertinence : il faut d’abord trouver ce que je vais cuisiner, puis me lever, puis aller chercher l’huile dans la réserve, puis me laver les mains, puis sortir le matériel, ensuite les ingrédients, etc., en sachant que je devrais démarrer le trempage des lentilles le plus vite possible, donc ça, sans doute en tout premier, mais après m’être lavé les mains, et à la fin, l’étape qui consiste à aller sonner chez le voisin pour savoir si je peux cueillir de la menthe dans son jardin comme il me le propose souvent, celle-là est optionnelle selon si j’ai le temps/la motivation.

– Garder en mémoire de travail les données importantes : le temps de cuisson du riz, garder un peu de vert de cébette à part pour le dressage final, tel convive n’aime pas les carottes en rondelles donc il vaut mieux les couper en mirepoix, j’ai sorti le sésame pour le toaster à la poêle…

– Ignorer les distractions/étapes redondantes : je cuis les cébettes avec les échalotes donc je n’aurai pas besoin de les blanchir à part comme je le fais d’habitude, je viens de vider le bocal d’épluchures dans le seau à compost, mais je ne peux pas emmener le seau dans le bac à compost pour l’instant même si c’est comme cela que je fais d’habitude, il faudrait vider le lave-vaisselle, mais je peux le faire plus tard, j’aime manger les carottes en bâtonnets, mais si je mange toutes les carottes il n’en reste plus pour le plat…

– Réagir en cas de modification du plan : j’avais prévu de faire du riz, mais en le rinçant je réalise qu’il n’en reste pas assez pour trois, et en plus j’ai mouillé la portion qui me reste donc je ne peux pas juste la remettre au placard ; je peux la cuire pour en manger plus tard, mais en attendant je fais chauffer de l’eau pour préparer du quinoa à la place.

 

– Avoir la flexibilité de passer d’une tâche à l’autre en cas d’imprévu, en sachant déterminer que ce n’est pas une distraction mineure à ignorer, mais une nouvelle priorité : le voisin vient sonner à ma porte en expliquant s’être blessé alors qu’il jardinait, et a besoin d’un coup de main pour nettoyer la plaie et appeler sa fille. J’arrête toutes les cuissons, quitte à ce que mon plat perde de son charme lorsque je m’y remettrai : la bonne santé de mon voisin est plus importante.

 

– Être capable d’allumer et d’éteindre le comportement d’action : Je me mets à cuisiner lorsque le moment est bon et que cela me semble pertinent, et une fois que j’ai déterminé que mon objectif était atteint, donc que j’ai bel et bien fini mon repas pour trois, je m’arrête et passe à autre chose.

 

Comment les autistes sont-ils impactés ?

La dysfonction peut survenir dans chacune des situations mentionnées ci-dessus, c’est-à-dire à chaque fois que la fonction est censée intervenir. Savoir que nous devons effectuer une tâche ne nous permet pas toujours de la mener à bien, parce que notre cerveau ne connecte pas automatiquement une certaine suite d’actions à un résultat, et il ne nous apparaît donc pas toujours évident que dévier de cette suite d’actions implique un autre résultat, voire pas de résultat du tout. Ce n’est pas de la bêtise ou de l’ignorance : interrogée, une personne autiste peut réaliser que si elle mange toutes les carottes pendant qu’elle cuisine, par exemple, elle n’aura plus ces mêmes carottes en tant qu’ingrédient de son plat, mais au moment où elle prend l’action « manger les carottes », cela ne lui vient pas à l’esprit.

Une fois de plus, c’est un cas d’un phénomène qui se produit pour ainsi dire automatiquement chez une personne neurotypique, mais qui doit être appris et effectué consciemment chez la personne autiste[2].

 

Tout le monde est-il concerné par la dysfonction exécutive ?

Dans une certaine mesure, tout ce qui fonctionne peut parfois se planter, et cela n’a rien d’inquiétant. Pas besoin d’un trouble diagnostiqué pour, parfois, trouver pénible de passer d’une tâche à l’autre, avoir du mal à ignorer les distractions ou oublier le nombre exact d’articles qu’a commandés un client alors même qu’on a relu le bon trois fois.

Comme souvent, ce qui détermine qu’un problème existe et nécessite une prise en charge, c’est la fréquence de la difficulté rencontrée, son intensité, et l’impact que cela a sur la personne concernée. Quelqu’un qui est distrait de temps à autre est juste humain, contrairement à quelqu’un qui est si facilement distrait que cela l’empêche de travailler correctement, mène à de petits accidents domestiques et impacte ses relations familiales — ce dernier est toujours humain, mais il pourrait tout à fait souffrir d’un trouble des fonctions exécutives.

 

Stratégies pour améliorer la fonction exécutive chez la personne autiste

Je répartirai ici mes stratégies en deux grandes familles : d’abord des interventions générales et génériques, visant à améliorer la santé mentale et physique ainsi qu’un bon métabolisme de la sérotonine[3]. En effet, la dysfonction empire lorsque le sujet n’est pas en forme, pour le dire simplement.

Ensuite, des pratiques plus ciblées permettant de prendre de bonnes habitudes de fonction exécutive.

Enfin, nous mentionnerons les professionnels susceptibles de proposer des accompagnements pertinents.

 

Je souhaite à mon lecteur une excellente fin d’année, et le retrouverai dès janvier avec enthousiasme.

 

[1]https://bienetreautiste.com/blogs/infos/dysfonction-executive

[2]Et pas qu’autiste ; nos collègues TDAH sont eux aussi concernés par cette dysfonction.

[3]Bien sûr, cette dernière est au cœur du problème, comme une fois sur deux lorsque nous parlons de chimie du cerveau autiste, semblerait-il.


1 commentaire
  • Article intéressant mais à la fin un bref résumé de ses grandes permettra au lecteur de mieux conserver l’essentiel. Sinon c’est excellent

    FOLQUET LEON le

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