Les chiens d’assistance et l’autisme
- Julie BOUCHONVILLE
Les personnes autistes peuvent-elles avoir un chien d’assistance ? Quel intérêt ? Et est-ce qu’on peut l’échanger contre un dinosaure d’assistance ? Plongeons-nous dans ce sujet.
Qu’est-ce qu’un chien d’assistance ?
C’est un chien de travail entraîné à aider une personne ayant un type de handicap[1]. Mon lecteur connaît sans doute les chiens-guides pour les personnes aveugles, où le chien est entraîné à voir pour son humain, ou les chiens d’assistance pour les personnes en fauteuil roulant, qui aident leur humain à manipuler le monde (ramasser des objets, ouvrir des portes, appuyer sur les interrupteurs, etc.).
Moins connus en France mais bien implantés au Canada, par exemple, on peut aussi retrouver des chiens d’alerte pour les personnes diabétiques, des chiens guides pour les personnes sourdes, des chiens de soutien émotionnel pour les personnes qui ont du stress post-traumatique, etc.
Les chiens d’assistance pour les personnes autistes
Les chiens peuvent rendre plusieurs services aux personnes autistes :
– Interrompre des comportements dangereux (auto-stimulation qui déborde dans l’automutilation, quitter le domicile sans en alerter une personne de référence, approcher un plan d’eau sans supervision…)
– Réagir en cas de surcharge sensorielle
– Maintenir une distance de sécurité entre l’humain et la foule
– Apaiser l’anxiété
– Prévenir l’humain qu’il faut prendre une action (prendre un médicament, donner la priorité à une tâche plutôt qu’à une autre, appeler de l’aide…)
– Fournir de la pression comme le ferait un objet lesté
– Favoriser les interactions sociales positives[2]
En plus de cela, certaines familles considèrent comme pertinent de recruter un « chien d’éveil », c’est-à-dire un chien connaissant moins de commandes, mais dont la présence douce et bienveillante va permettre à une personne autiste, souvent enfant, d’être plus calme, de plus chercher à communiquer, d’observer le monde autour et d’essayer d’interagir avec lui.
Qui forme les chiens d’assistance pour les personnes autistes ?
Ce sont des associations, qui en général travaillent sur dossier. En France, les plus connues sont Handi’Chiens, qui propose surtout des chiens d’éveil pour les enfants autistes, et Auticea, qui forme des chiens d’assistance pour les adultes. Les chiots sont sélectionnés dès la naissance et élevés dans le but de travailler avec des humains. Selon les associations, la personne bénéficiaire sera plus ou moins impliquée dans l’éducation du chien, mais dans tous les cas, elle ne reçoit jamais un chien « clefs en main » ; elle doit s’impliquer dans le processus et apprendre à travailler avec le chien elle aussi.
Combien coûte un chien pour personne autiste ?
Le chiffre qui circule le plus souvent est une fourchette entre 3000 € et 7000 €. Les associations qui forment ces chiens dépendent en général de la générosité du public pour se financer, les personnes bénéficiaires n’assumant pas ce coût ou uniquement de manière très partielle.
Est-ce que les autistes aiment les chiens ?
Appartenant moi-même à la catégorie d’autistes qui supportent mal les odeurs et les bruits inattendus, sans compter mon dégoût lorsque je vois des surfaces couvertes de poils et/ou de bave, je comprends qu’on puisse se poser la question. Ce n’est pourtant pas le cas de tout le monde, et de nombreuses personnes autistes aiment vivre au contact des chiens.
De plus, les chiens d’assistance et d’éveil sont formés et ne se comportent donc pas entièrement comme des chiens de compagnie : ils n’aboient pas sans raison, ne se jettent pas sur leurs humains sans prévenir, et comprennent si on leur demande de ne pas se coucher sur une surface spécifique, pour ne citer que ces exemples.
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Est-ce pénible pour un chien de devoir travailler avec une personne autiste ?
Les chiens aiment en général être au contact des humains, et même si les chiens de travail ont plus de responsabilités que les chiens de compagnie, leurs besoins sont respectés : ils passent du temps à dormir, jouer, faire leurs besoins et renifler des trucs. De plus, ils prennent leur retraite une fois un certain âge atteint, afin de ménager tant leur corps que leur esprit.
Les personnes autistes ne sont pas plus pénibles que les autres, et dans le cas des enfants, le chien a un référent humain dans la famille qui veille à son bien-être.
Enfin, les associations qui fournissent et éduquent les chiens d’assistance veillent au bien-être du chien tout au long de sa vie, et peuvent engager une procédure pour le retirer à son bénéficiaire en cas de maltraitance.
Quelles sont les conditions pour obtenir un chien quand on est autiste ?
Cela dépend de l’association qui fournira ledit chien. Il est généralement demandé d’avoir un handicap reconnu, mais les détails varient.
Quel est le délai pour obtenir un chien d’assistance pour l’autisme ?
Il est variable, mais long.
Je ne peux pas obtenir de chien d’assistance pour l’autisme, puis-je en éduquer un moi-même ?
Il est toujours possible d’éduquer un chien pour lui apprendre telle ou telle aptitude, et je ne doute pas que le résultat soit à la hauteur du temps investi. Ceci étant dit, un chien éduqué dans cette optique resterait un chien de compagnie d’un point de vue légal, et ne serait donc pas admis dans les situations où ces derniers sont interdits, tout comme il devrait se plier aux mêmes règles.
J’ai prévu d’adopter un chiot dans le futur, puis-je l’éduquer en partenariat avec une association qui forme des chiens d’assistance pour les autistes ?
Non, souvent les chiens sélectionnés le sont au terme d’un processus spécifique. N’importe quel chien a le potentiel de devenir un ami de qualité et, au moins aux yeux de sa famille, le meilleur chien du monde, mais tous n’ont pas les aptitudes requises pour devenir des chiens d’assistance.
Non, vraiment, est-ce que je peux plutôt faire la demande d’un dinosaure d’assistance ?
Pas à ma connaissance, mais mon lecteur est le bienvenu s’il désire tenter d’éduquer un oiseau pour remplir les mêmes fonctions. Je serais ravie d’avoir son retour s’il essaye.
[1]J’utilise ici « handicap » dans une définition très large.
[2]Le chien étant en général beau et bien éduqué, il est courant que des personnes engagent la conversation sur le thème de « oh votre chien est très mignon, comment s’appelle-t-il ? ».
Les chiens pour l’audition sont des chiens écouteurs.
Les chiens de soutient émotionnel ne sont reconnus ni en France ni au canada. Pour le stress post traumatique et autres troubles psy on parle de chien d’assistance psychiatrique.
On peut adopter un chiot voir même un chien adulte et le former soi même en étant accompagné d’une association. Ça s’appelle l’owner training et c’est une majorité que ça soit en France ou au Canada.
C’est proposé par des associations comme Canistance, Inka, Cynosens, etc. C’est dommage de parler uniquement d’auticiea et handichien.
Dans d’autres pays il existe des chevaux miniatures d’assistance, des singes d’assistance, des chats, des oiseaux.
C’est vraiment décevant en tant que concerné de voir encore un article de désinformation sur les chiens d’assistances. On a déjà pas beaucoup de ressources en France c’est dommage de ne pas prendre le temps de se renseigner réellement auprès de concernés.