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Les enfants indigo - Partie 2

- Julie BOUCHONVILLE

Les enfants indigo - Partie 2

La semaine dernière, nous avons brièvement défini les enfants indigo, et parlé de comment le concept s’est répandu d’abord dans sa terre natale, mais très vite, en France. Aujourd’hui, penchons-nous sur le cœur du sujet : quel rapport avec l’autisme, au fond ?

 

Qu’est-ce qu’un enfant indigo ?

Nous l’avons vu la semaine dernière, les enfants indigo représentent, selon la créatrice du concept Nancy Ann Tappe, la grosse majorité des naissances depuis les années 80, environ 70 % à 80 % au moins. Ces enfants, qui ont depuis eu le temps de devenir adultes et parents à leur tour — d’enfants indigos également, rien ne suggère que le phénomène ne s’arrête[1] — étaient résistants aux dogmes et normes périmés, et vecteurs de changement familial et sociétal. En remettant en question tout ce qui devait l’être, les enfants indigo allaient changer le monde.

Mais tout cela voulait aussi dire qu’ils étaient difficiles à éduquer.

 

Les enfants indigo à l’échelle individuelle

Comment demander à un être brillant et né pour tout remettre en question d’aller ranger sa chambre parce que le désordre c’est moche ? Comment se faire obéir d’une entité profondément antiautoritaire ? Comment lui demander de bien écouter à l’école quand le système scolaire fait sans doute partie des instances périmées qui doivent changer ?

Tout cela posait bien sûr problème et ces difficultés ont été, et sont toujours, perçues comme des éléments de dépistage de l’enfant indigo. À cette tendance à l’opposition et ce besoin d’explications s’ajoutent un bon sens de l’intuition — qui en général n’est autre qu’une sensibilité aux motifs — ainsi qu’une certaine agitation qu’on pourrait qualifier d’hyperactivité. Leur manque de tact est connu, on leur trouve souvent un QI élevé, et leur sens aigu de la justice leur fait honneur, à défaut de les rendre faciles à vivre.

Et non, si cela rappelle un certain profil à mon lecteur, ce n’est pas une coïncidence.

 

Un enfant indigo est-il autiste ?

C’est très possible, et en même temps, difficile à affirmer parce que la théorie de base se contredit elle-même.

En lisant une description d’enfant indigo telle que je l’ai résumée au point précédent, un profil émerge, que je qualifierais de l’enfant neurodivergent « flou », celui dont on ne sait pas au premier coup d’œil s’il est HPI et du genre actif, TDA/H sans trouble de l’apprentissage trop marqué, ou autiste avec une bonne capacité à parler avec sa bouche, mais dont on remarque bien qu’il est « de la maison » d’une manière ou d’une autre.

C’est typiquement la frange de la population qui est concernée par l’augmentation des diagnostics de TDAH, TSA et HPI ces vingt à vingt-cinq dernières années, depuis que les mailles du filet médical se sont resserrées et que l’information circule mieux au sein du grand public.

C’est donc la frange qui a été ignorée avant cela, menant à du désarroi chez certains parents qui se rendaient bien compte que leur enfant n’était pas tout à fait « normal »[2], faute d’un meilleur mot, mais qui ne parvenaient pas à qualifier ce qui clochait — ou même si quelque chose clochait réellement —, et la frange qui s’est retrouvée diagnostiquée avec des termes pouvant faire peur quand la France a commencé à rattraper son retard dans sa prise en charge. La prise en charge médicale de certains troubles, le TDAH en particulier avec son traitement à base d’amphétamines, a été et est toujours une source d’inquiétude pour les familles[3].

 

Un enfant indigo est donc susceptible d’être un autiste plutôt doué pour le camouflage social et ayant assez peu besoin d’intervention, potentiellement avec un QI élevé, et/ou un trouble de l’attention.

Là où la théorie initiale se contredit elle-même est, bien sûr, dans cette affirmation initiale de Nancy Tappe que les enfants indigo représentaient la vaste majorité des naissances. Les personnes neurodivergentes sont minoritaires — le principe même de la neurodivergence repose sur ce fait — et les enfants indigo sont censés se sentir incompris et différents, ce qui ne tient pas debout s’ils représentent 70 à 80 % de n’importe quel groupe donné. En se basant sur ce critère uniquement, les enfants indigos ne sont pas autistes ni quoi que ce soit d’autre, et dans la mesure où plus de 63 % de la population mondiale est née après les années 70[4], il y a actuellement plus de 3,9 milliards[5] de personnes indigos dans le monde, soit à peu près autant que de femmes. On aurait remarqué si tous ces gens étaient quoi que ce soit.

 

L’appel du point de vue alternatif

J’aimerais clarifier que je ne reproche en aucun cas à quiconque de faire ce qu’il peut pour se sortir d’une situation pénible, et je pense qu’à son centre, l’idée des enfants indigo répond à une logique de prédation de ce besoin. Il est très attirant de redéfinir le comportement d’un enfant, qui paraît pénible ou problématique, voire pathologique, comme le symptôme d’une forme de supériorité et d’un destin éminemment positif et bienveillant. Tout le monde, je pense, préfère s’entendre dire que son enfant n’est pas du tout en proie à un trouble neurologique, mais bien destiné à sauver le monde. Les enfants eux-mêmes préfèrent sans doute l’affirmation qu’ils n’ont rien à changer et que leur instinct premier est toujours le bon, plutôt que des rendez-vous hebdomadaires chez un spécialiste pour apprendre à gérer un planning quotidien, contrôler ses gestes ou attendre son tour avant de parler.

 

Je pense sincèrement que nul reproche ne peut être fait à la personne qui, se sentant perdue, s’est tournée vers ces explications, et je ne pense pas non plus que cela doive être traité avec la pitié paternaliste qui est parfois la seule alternative apparente au blâme.

 

Pourquoi ne pas croire à la théorie ?

Je détaillerai plus avant dans une autre section la question de la spiritualité, mais pourquoi, après tout, considérer que les personnes indigo n’existent pas ? Pourquoi partir du principe qu’il est meilleur, plus juste ou plus pertinent de lire une situation avec la grille « neurodivergence » plutôt qu’avec la grille « indigo » ?

À mon sens, faire coexister les deux est tout à fait valable[6], le seul risque de « l’approche indigo » étant de ne pas identifier les domaines où la personne a besoin d’aide, ou de refuser les traitements possibles[7]. Une personne neurodivergente a souvent besoin d’un suivi médical et/ou psychologique, qu’il soit ponctuel ou régulier, pour toutes sortes de raisons. Décider que l’on va ignorer ces besoins au profit d’une foi parfois aveugle en une sorte de destinée, c’est prendre le risque que des problèmes apparaissent ou empirent, et que la personne concernée en pâtisse.

C’est une raison qui peut paraître simpliste, mais elle me semble essentielle. Les personnes neurodivergentes ne sont pas malades, mais nous pouvons avoir besoin de l’aide de spécialistes. Nous enlever cette option, c’est nous mettre en danger.

 

Enfant indigo et dérives sectaires

Il faut noter que Lee Carol, l’un des auteurs qui ont répandu la notion d’enfant indigo, affirme être en contact avec une entité mystique et que le culte qu’il a construit autour de cette entité est considéré comme une secte et surveillé par la MIVILUDES[8]. S’intéresser à ces notions, c’est prendre le risque d’être happé par le charisme sectaire, et je pense que c’est un élément à prendre à compte. Cela étant dit, je pense aussi qu’il est possible d’aimer l’idée que les personnes indigo font de leur mieux pour laisser le monde dans un état un peu meilleur que celui où elles l’ont trouvé, et de ne pas écouter le reste des affabulations de Lee Carol et consort. Si quelqu’un se retrouve dans un concept, et que cela lui apporte du bien-être sans lui faire de tort, il me semble très suspect de vouloir le « détromper ».

 

Cet article étant déjà long, je laisse ici mon lecteur jusqu’à la semaine prochaine, où nous aborderons la question de ce que sont devenus les enfants indigo qui ont grandi.

 

[1]Même si d’autres couleurs sont possibles et plébiscitées par les mouvements new age contemporains, nous y reviendrons.

[2]Je ne doute pas que les familles ont elles-mêmes eu des doutes quand à la nomenclature à utiliser.

[3]Pour clarifier, je ne pense pas qu’il soit « bien » ou « mal » de fournir un appui médicamenteux aux enfants vivant avec un TDAH, ce genre de décision ne pouvant être prise que par les personnes directement concernées. Il existe néanmoins une aversion chez de nombreuses personnes à l’idée de donner à un enfant ce qui peut être considéré comme une drogue récréative, que cela se justifie thérapeutiquement ou non.

[4]https://www.visualcapitalist.com/the-worlds-population-2020-by-age/

[5]En comptant 80 % de naissances indigos.

[6]Avec un caveat que je détaille plus bas.

[7]Les familles optant pour une approche médicamenteuse sont souvent, dans le mouvement, accusées d’empêcher les enfants d’atteindre leur plein potentiel.

[8]La mission interministérielle de vigilance et lutte contre les dérives sectaires.


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