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Covariation entre latéralisation et neurodivergence - Partie 2

- Julie BOUCHONVILLE

Covariation entre latéralisation et neurodivergence - Partie 2

La semaine précédente, nous avons parlé de ce qu’est la latéralisation, et comment elle apparaît chez les humains. Aujourd’hui, attaquons le vif du sujet : le lien avec l’autisme.

 

Autisme et latéralisation

Chiffres

Les non-droitiers représentent, je l’ai mentionné dans la partie 1 de cet article, entre 11 % et 19 % de la population générale. Chez les autistes, le chiffre exact est un peu flou, mais il semblerait que partir sur une base de « deux à trois fois plus grande probabilité » soit raisonnable[1], ce qui nous amène aux alentours de 22 % à 38 % soit, disons, 30 % d’autistes qui ne sont pas droitiers. C’est là une différence marquée.

 

Pourquoi y a-t-il plus d’autistes gauchers et non droitiers ?

 Si je dois être honnête avec mon lecteur : on ne sait pas.

L’on a néanmoins un ordre d’idée, à savoir, l’organisation des cerveaux. La préférence gauche-droite n’a, on l’a compris, rien à voir avec nos mains ou nos organes, mais tout à voir avec nos cerveaux. Être droitier, c’est avoir un cortex moteur gauche qui prend en charge les tâches les plus délicates[2].

Être autiste, c’est avoir un cerveau qui fonctionne un peu différemment, qui se construit un peu différemment, aussi[3] , et c’est avoir une probabilité plus élevée de rencontrer des difficultés à parler avec sa bouche, une aptitude liée à la latéralisation cérébrale. De fait, même si une cause à effet nette ne peut être identifiée, il semble assez logique que ces deux phénomènes neurologiques varient ensemble dans environ 30 % des cas.

 

Aider un proche autiste et gaucher

Si le monde n’est pas vraiment fait pour les autistes, il n’est pas toujours génial avec les gauchers non plus. Les discriminations anti-gauchers ne sont plus courantes — et, soyons honnête, si un autiste doit être discriminé ce sera pour son autisme, pas sa manière de tenir ses couverts — mais, ceci étant dit, les gauchers rencontrent néanmoins des difficultés qui leur sont propres. Les enfants, en particulier, peuvent avoir un peu plus de mal pour trouver une bonne position et un bon outil pour écrire[4], rencontrer des difficultés pour boutonner les chemises ou manteaux[5], galérer pour couper avec des ciseaux[6], avoir un peu plus de mal à monter et descendre leurs premiers escaliers[7], etc. Et comme les autistes sont susceptibles d’avoir plus de soucis de motricité, il peut nous falloir plus de temps pour passer au-dessus de ces petites difficultés.

L’idéal pour l’entourage sera de ne pas minimiser les problèmes — le monde est vraiment fait pour les droitiers, c’est juste que comme pour la plupart des privilèges, les premiers concernés ne le remarquent pas — mais plutôt de soutenir leur proche, et de l’aider à trouver des solutions qui fonctionnent, quitte à ce qu’elles ne soient pas tout à fait conventionnelles. Youtube regorge de vidéos éducatives suggérant des   astuces pour gaucher  » en cas de panne d’idée, et connaître un gaucher et lui demander comment il a contourné un problème précis peut également être une bonne idée.

 

Autiste et peu/pas latéralisé, que fair  ?

Comme on l’a vu, parmi les non-droitiers, on compte aussi les personnes qui n’ont pas de préférence gauche-droite établie, et ne semblent pas très bien gérer les tâches de motricité fine en général.  Que faire dans ces cas-l  ?

S’entraîner reste la meilleure solution, soyons réalistes, mais les formes d’entraînement varient. Une personne, adulte ou enfant, ayant appris à détester l’écriture manuscrite parce que cela lui est pénible, par exemple, et qu’elle ne reçoit que des critiques sur sa production, n’a clairement pas besoin d’une nouvelle séance de souffrance seule face à une feuille. D’autres activités peuvent arriver au même objectif, c’est-à-dire aider son cerveau à associer des tâches spécifiques à un organe précis.

Quelques exemples :

– Dessiner, colorier et peindre, quitte à y associer des médiums peu conventionnels comme s’y livrer sur le sable humide de la plage

– Décorer des pâtisseries

– Façonner de la pâte à modeler

– Tricoter ou crocheter

– Enfiler des perles sur du fil ou des perles à repasser sur une plaque

– Tresser de la brioche ou assembler des couronnes de fleurs

– Taper sur un clavier d’ordinateur

– Jongler

– Tailler des branches avec un sécateur

– …

L’important n’est pas tant la tâche en elle-même ni son application pratiqu  ; on veut essentiellement que la personne puisse y arriver, même imparfaitement, qu’il n’y ait pas de pression risquant de transformer l’exercice en test, et que l’expérience soit assez amusante pour être répétée.

Ces exemples ne couvrent que les mains, qui sont souvent l’organe visé quand on évoque un manque de motricité fine, mais tout notre corps peut bénéficier d’un tel entraînement, en général par le biais de mises en mouvement jugées agréables par la personne comme se promener, jouer au foot, danser, escalader…

Il est tout à fait pertinent de se faire aider par son équipe médicale et/ou un psychomotricien, qui pourront mettre au point des trajectoires d’apprentissage pour tâcher de résoudre les troubles constatés.

 

Conclusion

Les autistes sont en effet moins souvent droitiers que les non-autistes, ce qui apparaît finalement comme plutôt logique quand on sait que les deux ont pour origine une organisation cérébrale moins répandue — mais non moins réussie. Les autistes gauchers peuvent, comme tous les gauchers, bénéficier d’accommodations pour mieux se débrouiller dans un monde de droitiers, et les personnes qui semblent avoir du mal à déterminer quelle main utiliser pour quelle tâche peuvent tout à fait s’améliorer avec de l’entraînement.

 

[1]https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28735387/

[2]Digression et anecdote amusante : la plupart des animaux aussi ont une patte préférée pour accomplir les tâches délicates, comme manipuler un petit objet.

[3]Les cerveaux autistes sont, en autres, connus pour ne pas suivre les phases de développement et de destruction des synapses que traversent les neurotypiques. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9671112/

[4]L’encre de certains stylos peut sécher trop lentement, et le crayon gras fini souvent étalé sur la feuille.

[5]Les boutons et boutonnières sont conçus pour que ce soit la main droite qui réalise la partie la plus difficile de l’opération.

[6]Par expérience, je ne crois personnellement pas aux ciseaux dits « universels » et suggère de se fournir en ciseaux « pour gauchers » qui sont nettement plus agréables et aisés à utiliser.

[7]Les mains courantes sont, en général, à droite.


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