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Crise en public - Partie 2

- Julie BOUCHONVILLE

Crise en public - Partie 2

La semaine dernière, nous avons parlé de la crise autistique chez l’adulte, de ce dont il s’agit et de ce qui peut la déclencher. Aujourd’hui, j’invite mon lecteur à nous pencher sur ce qui passe après la crise.

 

Il y a eu une crise. Je fais quoi, maintenant ?

Une crise en public n’est jamais facile. Qu’on ait pété les plombs devant ses collègues, sa famille, ses voisins ou ses enfants, il faut désormais entrer en phase de gestion dudit public.

A titre personnel, mon réflexe serait de faire comme si de rien n’était et, si nécessaire, de déménager et de changer d’identité, mais je ne pense pas que ce soit très sain et je répugne à recommander à mon lecteur une stratégie me paraissant suboptimale.

Je pense au contraire que la solution est – horreur – la transparence. J’encourage mon lecteur à comprendre ce qui lui est arrivé et à l’assumer auprès de potentiels proches et/ou témoins. Il n’est pas nécessaire d’en faire toute une montagne, quelques phrases peuvent suffire.

Les points-clefs :

- Nommer le problème : « je me suis effondré/replié, j’avais peu ou pas conscience de ce que je faisais »

- Mentionner la cause : « Ca peut arriver quand il y a trop de choses à faire autour de moi, trop de bruit, trop de demandes »

- Ne pas blâmer : surtout vis-à-vis des enfants, il est important de ne pas dire en substance « j’ai eu une crise à cause de toi ». Les crises ne sont la faute de personne[1], ce sont des conjonctions de facteurs, et s’il peut être tentant d’assigner des blâmes pour retrouver une sensation de contrôle sur la situation, ce n’est au final ni utile ni honnête.

- Présenter des excuses si la crise nous a poussé à des actions que l’on regrette : « Je suis désolé de t’avoir fait peur », « Pardon de t’avoir frappé, c’était involontaire », « Désolée de vous avoir plantés en pleine réunion avec Unetelle », etc. Pas besoin de se rouler par terre, mais il est bon de reconnaître une action regrettable lorsqu’elle a eu lieu. Cela rassure en outre la personne en face de nous que ce comportement n’était « pas vraiment nous ».

- Expliquer ce que l’on compte faire pour que l’action ne se reproduise plus : ce qui implique d’avoir soi-même une idée de la marche à suivre. Pas besoin d’entrer dans les détails ici non plus, mais c’est rassurant pour l’entourage de savoir qu’on prend des mesures pour limiter la répétition d’un événement effrayant.

 

Rien de tout cela n’aura d’effet miraculeux sur quelqu’un qui a décidé de nous en vouloir pour un évènement échappant à notre contrôle, mais cela permettra de réduire la casse vis-à-vis de tous les autres.

 

De l’art de prendre des mesures

Justement : lesquelles prendre ? Que faire ?

Sans qu’il y ait une formule magique garantissant que plus jamais on n’aura à affronter ni repli, ni effondrement, des stratégies générales existent. Elles passent toutes par une connaissance intime de ce qui nous fait réagir, aussi j’encourage mon lecteur à passer dans un premier temps par une phase d’auto-observation minutieuse. Qu’est-ce qui le fait tiquer, ne serait-ce qu’un peu ? Quelles activités trouve-il particulièrement fatigantes ? Quel genre de situations lui déplaît ? Il n’y a qu’à travers la collecte extensive de données que mon lecteur pourra déterminer ses propres schémas de réactions.

 

Une fois ces données collectées, il se trouvera en mesure de prédire un peu mieux ses réactions. Sur base de cela, il pourra commencer à accepter ou refuser des engagements, missions, charges de travail supplémentaires et rendez-vous de loisirs avec discernement. Attention également à toujours se laisser une marge : se dire « je devrais finir cette journée épuisé, mais pas au point d’exploser » n’est pas un bon plan, parce que cela ne laisse aucune place à l’imprévu. Il nous faut toujours tenter de prévoir l’imprévisible[2].

Il sera également utile de faire la nuance entre les situations compliquées à naviguer et celles qu’il faudra éviter en toutes circonstances : en étant trop prudent, on se coupe toute possibilité d’évolution, et en ne l’étant pas assez, on s’expose au risque de crise.

 

Pour être très claire : oui, j’encourage mon lecteur à refuser des engagements sociaux, des réunions familiales, des événements amusants, des missions professionnelles, des postes à plus haute responsabilité, de la sociabilisation avec les collègues, etc. Dans la foulée, j’encourage aussi mon lecteur à tâcher de dormir plus et à avoir des activités relaxantes, quoi que cela veuille dire pour lui, et à demander de l’aide pour toutes les tâches qui lui semblent difficiles à surmonter.

J’ai conscience que ce ne soit pas un message amusant à entendre ou même aisé à mettre en œuvre. Je ne prétends pas le contraire. Mais le fait est que nous avons tous nos limites et que vivre une crise autistique est le signe très concret qu’on vient d’en rencontrer une. Si nous ne respectons pas nos limites, nous courons au-devant de problèmes de santé mentale et physiques qui ne sont pas négligeables. Est-ce l’alternative que nous voulons privilégier ?

 

C’est bien gentil, mais je ne suis pas en position de changer toute ma vie

Peut-être que mon lecteur n’a pas les moyens de travailler moins, de dormir plus, de changer de job aisément, d’avoir de l’aide pour maintenir son logement propre et ses enfants bien nourris. Peut-être que mon lecteur soupçonne qu’il ne serait réellement fonctionnel que s’il ne travaillait pas du tout et n’avait que le minimum de responsabilités.

Ce sont des remarques qui doivent êtres faites et des sujets qui doivent être mentionnés. Si mon lecteur a l’impression que ses situations personnelles et professionnelles, conjuguées à son autisme, l’empêchent complètement de fonctionner, ce n’est pas normal. Même une personne autiste n’est pas censée se sentir complètement dépassée, au bord du gouffre, en permanence.

Je l’encourage à en parler avec son équipe médicale, ou du moins avec son médecin traitant dans un premier temps, parce que des solutions existent. Cela peut être la reconnaissance d’un handicap, donnant accès à des aides matérielles et/ou pécuniaires, cela peut être un traitement, cela peut être des solutions auxquelles mon lecteur n’a même pas encore pensé mais qui sont susceptibles de lui faciliter la vie. 

Il n’est ni normal ni acceptable d’être en permanence au bout de sa vie. J’encourage mon lecteur, si c’est ainsi qu’il se sent, à agir et à implémenter des changements. Cela peut être terrifiant, mais si c’est pour son bien-être et ne plus passer sa vie à naviguer d’une crise à l’autre, je pense que le jeu en vaut la chandelle.

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Avez-vous eu des crises inattendues à l’âge adulte ? Connaissez-vous des astuces pour les éviter ? Vos commentaires nous intéressent !

 

[1]A part bien sûr le cas très précis où quelqu’un aurait volontairement sur-stimulé quelqu’un d’autre afin de le faire avoir une crise. Ce qui s’apparente sans doute à de la torture et ne nécessite aucune excuse ni explication, plutôt une procédure pénale.

[2]L’existence de cette phrase est tout à la fois la raison d’être et le critère diagnostic de mon trouble anxieux.


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