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Stratégies spécifiques à la dysfonction exécutive : la personne autiste et la gestion du temps

- Julie BOUCHONVILLE

Stratégies spécifiques à la dysfonction exécutive : la personne autiste et la gestion du temps

Un titre verbeux pour continuer notre série sur l’amélioration de la fonction exécutive chez la personne autiste. Aujourd’hui, j’invite mon lecteur à se pencher sur une exploration du rythme, du temps et des délais.

 

Notion du temps et autisme

De nombreux autistes ont du mal à percevoir le temps qui passe et/ou à estimer le temps nécessaire à l’accomplissement d’une tâche. Cela signifie entre autres que nous pouvons nous perdre pendant de longues heures dans des tâches qui nous plaisent ou, du moins, nous absorbent, mais aussi que face à une activité moins enthousiasmante, nous renâclons d’autant plus que nous ignorons le temps qu’elle va nous prendre, et souvent le surestimons[1]. Je ne doute pas que mon lecteur comprendra que, si vider le lave-vaisselle n’est pas une tâche amusante en elle-même, vider le lave-vaisselle durant 90 minutes ressemble sérieusement à une punition.

 

Le superpouvoir du TDAH

Peut-être mon lecteur est-il familier avec cette situation : une personne ayant un TDAH a omis de travailler régulièrement à une tâche, qu’il s’agisse de rédiger un mémoire, ranger et nettoyer sa maison, préparer un dossier, etc. À mesure que la limite de temps approchait, son anxiété augmentait ce qui, au contraire de la pousser à travailler, ne faisait qu’augmenter sa paralysie apparente. Désormais, la limite est toute proche, et il semble virtuellement impossible de tout faire dans les quelques jours ou heures restants. Soudain, la personne semble se décoincer. Son regard se focalise, elle consomme une grande quantité de stimulants légaux, et se met au travail avec l’énergie du désespoir, peut-être en pleurant, mais en tout cas avec détermination.

Dans les heures ou jours qui suivent, elle abat une quantité phénoménale de travail sans jamais se déconcentrer et réussit à atteindre son objectif dans le temps imparti, souvent à quelques minutes près. Elle ressort de la situation épuisée, mais avec un résultat correct.

Ce phénomène d’hyperfocalisation en cas de panique est parfois qualifié de superpouvoir du TDAH, et j’ai bien peur que bon nombre d’entre nous s’en servent régulièrement plutôt que comme le dernier recours fatiguant qu’il est réellement, parce que force est d’avouer que, eh bien, ça fonctionne.

Si mon lecteur est de ceux-là, je ne peux que lui conseiller de mettre en place des stratégies en amont (celles détaillées dans cet article par exemple) afin d’éviter d’en arriver là trop souvent. En plus, tous ces profs et collègues disaient vrai lorsqu’ils affirmaient qu’on fait du meilleur boulot en prenant son temps qu’en se précipitant pendant vingt-huit heures sans dormir ni manger.

 

Stratégies de gestion

Perfectionnisme et autisme

Nous avons tous et toutes appris la bonne manière de faire une tâche, et souvent nous avons ajouté par-dessus une couche de rituel qui fait qu’il y a une bonne et sacro-sainte méthode de faire une chose, et toutes les autres qui sont inacceptables. J’invite néanmoins mon lecteur à accepter cette vérité susceptible de changer sa vie : la bonne méthode ne vaut rien si sa complexité implique qu’on n’effectue pas la tâche aussi souvent qu’il le faudrait. Ou, pour le dire autrement, ce qui mérite d’être fait mérite d’être mal fait.

Par exemple, se brosser les dents trente secondes vaut mieux que pas du tout, si l’alternative aux quatre minutes réglementaires est de zapper la tâche. Changer une taie d’oreiller ou une housse de couette vaut mieux que ne rien changer du tout, si changer tous les draps du lit semble insurmontable.

Ma première stratégie pourrait donc se résumer ainsi : abaisser le seuil d’effort à fournir en se proposant une tâche qui semble faisable.

 

Se fixer des objectifs atteignables

Souvent, qu’il s’agisse de mon cas personnel ou de clients avec qui je travaille[2], je propose de découper les choses en blocs de temps courts : si une tâche dans son ensemble paraît infaisable et écrasante, qu’elle dure factuellement deux heures ou une semaine, on peut s’y atteler pendant une durée courte et arbitraire, par exemple sept ou onze minutes, ou quelques dizaines de secondes pour les tâches qui même complètes sont assez courtes. Une chanson peut aussi servir de minuteur ; elles durent pour la plupart entre trois et cinq minutes, et en tant que limites sont plus tangibles[3].

Il est vital de respecter les termes du contrat : après ce temps, quel qu’il soit, il faut au moins faire une pause. Il n’est pas impossible que la tâche soit finie, à ce stade, mais quand bien même elle ne le serait pas, ce n’est pas grave, au moins a-t-on avancé dans la bonne direction.

 

Si l’on préfère travailler avec des étapes à atteindre plutôt qu’avec une mesure du temps, on peut identifier la plus petite unité de la tâche et s’en fixer un très petit nombre, par exemple écrire deux phrases d’un article, ranger une assiette, brosser trois dents, etc. 

Là encore, il est important de respecter le contrat et de ne pas travailler plus que prévu.

 

Gestion du temps de travail

Une généralisation du principe établi ci-dessus consiste à travailler avec un équivalent de la technique Pomodoro, adapté aux spécificités de chacun. Cette technique consiste à travailler un nombre de minutes prédéfini, puis prendre une pause courte, et tous les trois ou quatre blocs de travail+petite pause, s’offrir une plus longue pause.

Elle ne fonctionne pas très bien pour les personnes qui ont besoin d’un temps un peu plus long pour se concentrer pleinement, mais je la trouve très adaptée pour les cas où la charge de travail est intimidante. Je recommande en général de commencer avec des temps de travail assez courts, par exemple 25 minutes. Une session ressemblerait donc à ceci :

25 minutes de travail

6 minutes de pause

25 minutes de travail

6 minutes de pause

25 minutes de travail

20 minutes de pause

 

Une fois de plus, on notera l’importance de respecter tant le travail que les pauses : le but est d’apprendre à notre cerveau qu’il n’a aucune raison de s’inquiéter, il serait donc particulièrement inefficace de l’arnaquer en le coinçant dans la situation dont il cherchait à nous protéger.

 

Je laisse ici mon lecteur pour aujourd’hui, et le retrouve la semaine prochaine pour un détour sur un sujet important : la pénibilité qu’il y a à transitionner d’une tâche à l’autre, et l’importance de comprendre les mécanismes de fin d’activité.



[1]Je renvoie mon lecteur vers notre article sur le waiting mode, qui abordait l’un des impacts de cette mauvaise perception du temps : https://bienetreautiste.com/blogs/infos/le-waiting-mode

[2]Si mon lecteur n’a pas eu l’excellente nouvelle, j’ai eu la chance de pouvoir commencer à travailler en tant que thérapeute en décembre 2024.

[3]Parce qu’après tout, j’ai décidé de cinq minutes, mais j’aurais aussi bien pu décider quatre, alors je pourrais m’arrêter après quatre, non ?

Pour toute question sur nos articles de blog, contactez la rédactrice à : juliebouchonville@gmail.com


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