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Les enfants indigo - Partie 4

- Julie BOUCHONVILLE

Les enfants indigo - Partie 4

Nous voici repartis pour le dernier article consacré aux enfants indigo. Aujourd’hui, j’invite mon lecteur à inspecter l’avenir de la notion même, et nous examinerons ensuite brièvement les liens qui peuvent exister entre spiritualité et autisme.

 

Le futur du mouvement indigo

En France en tout cas, comme je le notais dans la première partie de cette série[1], le terme est toujours plutôt en vogue, même si N-Gram Viewer suggère que le nombre de publications sur le sujet était en baisse depuis 2017[2].

Comme je l’ai identifié la semaine dernière, il semblerait que dans notre pays, la mouvance indigo récupère régulièrement de nouveaux adeptes, qui finissent par s’en désintéresser ensuite, peut-être quand ils constatent que cette grille de lecture du monde n’est pas aussi prometteuse qu’ils le pensaient initialement.

En parallèle, ou peut-être dans une suite logique, de ce système de croyances, d’autres options existent cependant.

 

Les enfants cristal

Une fois qu’on a admis l’idée d’une aura et d’une couleur pour celle-ci[3], ce n’est qu’une question de temps avant que des variations émergent.

Les enfants cristal ont donc une aura « cristal », quoi que cela veuille dire au juste[4], et sont bien souvent les rejetons de parents indigo. Si ces derniers avaient des caractéristiques précises corrélées à l’autisme ou le TDAH, les enfants cristal m’ont semblé être, assez comiquement, juste des enfants, et les descriptions que j’ai pu en trouver criaient à l’effet Barnum[5].

Ainsi un enfant cristal[6] :

– Est très sensible aux émotions de son entourage, peut les absorber

– Aime la nature

– N’aime pas le conflit, préfère l’harmonie

– Peut se mettre à parler sur le tard, ou au contraire avant les autres enfants

– Communique non-verbalement avec ses parents et adultes de références

– Fixe du regard ses adultes de référence, parfois pendant de longs moments

– Est serein et/ou a besoin de sérénité

– N’aime pas les grandes foules, les endroits bruyants ou avec beaucoup de monde

– Possède un grand sens de l’équité, de la justice

– Aime pratiquer les arts plastiques (dessin, peinture, pâte à modeler…)

 

Bien sûr, les sources se contredisent entre elles, mais dans les grandes lignes, on voit qu’un enfant cristal est, en gros, un enfant. Rares sont les bambins qui détestent les animaux, la sérénité et l’harmonie, adorent faire des courses au supermarché le samedi avant Noël, sont OK qu’on les traite de manière injuste et ne dessinent jamais.

Les adeptes de la théorie suggèrent que les enfants indigos ont si bien préparé le terrain que les enfants cristal peuvent, en gros, se permettre d’être si faciles à vivre, mais je pense qu’on peut tout aussi bien conclure qu’il fallait pouvoir continuer avec le paradigme des auras colorées même face à des enfants plutôt bien régulés.

 

Les enfants arc-en-ciel ?

J’ai trouvé des sources divergentes sur cette catégorie d’enfants, tant que je ne m’y attarderai pas. Le terme désigne en fait deux concepts distincts : l’un est une variation sur le thème des enfants cristal, l’autre, une appellation que certains donnent aux enfants qui naissent après un deuil périnatal[7]. Parfois, les deux notions se rejoignent, parfois elles évoluent dans des sphères complètement différentes, et il m’est impossible de démêler les deux d’un point de vue statistique, aussi je ne m’y essayerai pas.

 

Enfants indigo et autisme : vers une évolution ?

Sans tomber moi-même dans le travers que je dénonce, je me suis demandé quel avenir l’on pouvait attendre pour le concept des indigos. Qu’il ne tienne pas très bien debout d’un point de vue logique n’a pas posé problème jusqu’à présent, et je doute que cela devienne le cas soudainement, de plus l’on se trouve de toute évidence face à un mécanisme proche de la foi, un phénomène célèbre pour ne pas avoir besoin de preuves. En outre, le doute qu’entretient une partie de la population face au monde médical ne va pas disparaître du jour au lendemain.

D’un autre côté, les outils diagnostiques s’améliorent, et de plus en plus de personnes sont susceptibles de rencontrer la notion de neurodivergence et de s’y identifier.

 

J’ai cherché comment prédire la trajectoire de l’adhésion à cette idée, jusqu’à comprendre que ce n’était peut-être pas possible et, surtout, pas si important. Peu importe comment on appelle la théorie de « l’explication alternative et au moins un peu spirituelle à la neurodivergence », après tout, je pense qu’en tant que concept, elle attirera toujours une partie de la population. Si elle ne qualifie pas son sujet de personne indigo, cristal ou arc-en-ciel, elle trouvera d’autres nomenclatures et subsistera autrement, parce que l’idée qu’elle propose est trop attirante pour jamais totalement disparaître.

Et bien que mon lecteur aura compris que, à titre personnel, je n’aime pas l’idée des enfants indigo parce que je redoute que ce système de croyances ne prive des ressources nécessaires des personnes qui en ont besoin, je ne pense pas que ce soit terrible non plus. Nous vivons dans une période où prendre soin de sa santé mentale est de plus en plus banalisé. Quand bien même une personne donnerait une explication spirituelle à certains de ses ressentis, rien ne l’empêche dans le même temps de reconnaître une hypersensibilité au bruit décrite dans un roman ou de la dysfonction exécutive quand l’un de ses proches en parle.

Je vois un immense potentiel d’abus lorsque des individus comme Lee Caroll prétendent détenir un savoir secret qui leur a été révélé par un ange/un extraterrestre/une entité non humaine omnisciente, et être prêts à le transmettre au grand public moyennant financement, mais je pense aussi que la majorité des personnes, quel que soit leur neurotype, sont capables de comprendre qu’il s’agit là d’une arnaque, et de séparer les éléments d’une croyance qui les aident de ceux qui pourraient leur nuire.

 

De l’autisme et de la spiritualité ?

Le sujet est vaste et mériterait son propre article, mais pour faire court, l’autisme en tant que neurotype ne prédispose pas à la spiritualité/religion. Si les personnes autistes ont une tendresse naturelle pour les rituels et une bonne capacité à identifier les motifs dans les évènements, elles n’ont pas tendance à attribuer un surplus de sens aux faits comme peuvent le faire les personnes schizophrènes, par exemple.

Cela étant dit, pour une personne qui ne serait pas renseignée sur son neurotype et aurait du mal à créer des liens sociaux, une communauté accueillante et aux règles clairement établies, comme c’est le cas de beaucoup de groupes spirituels, serait probablement très attractive, et si son système de croyances pouvait fournir une explication aux ressentis liés à l’autisme, ça n’en serait sans doute que mieux.

 

 

 

Conclusion

J’espère avoir intéressé mon lecteur avec cette exploration des enfants indigo, et avoir surtout réussi à informer sans (trop ?) moraliser. Les personnes autistes sont bizarres. Nous sommes bizarres. Nous attirons l’attention, nous sommes difficiles à éduquer et scolariser, parfois même nos propres familles ne savent pas comment nous parler. Si je méprise celles et ceux qui voudraient profiter de la détresse que cette différence peut amener, je ne crois pas que l’on puisse reprocher à quiconque de se raccrocher à une explication qui permettrait de récupérer un peu de compréhension et de contrôle sur une situation qui semble truffée d’inconnues.

 

Comme souvent, je ne peux terminer qu’en espérant que plus d’information et de représentation mènera, à terme, à une meilleure intégration des personnes autistes dans la société, rendant ainsi redondants les services offerts par des personnes peu scrupuleuses.

 

[1]https://bienetreautiste.com/blogs/infos/les-enfants-indigo

[2]On notera que la limite de cet outil est 2019, ce qui signifie que la baisse de volume des publications peut être une tendance qui se maintient, ou une simple fluctuation.

[3]On se rappellera que Nancy Tappe parlait de couleurs dans le cadre de sa synesthésie, c’est-à-dire que son cerveau traduisait en couleur un stimulus différent ; cette nuance semble s’être perdue au fil du temps.

[4]J’ai vu des explications allant de « pleine de reflets et de couleurs » (ce qui pour moi suggère plutôt « opalescent », mais soit) à « pure comme du cristal ».

[5]L’effet Barnum, c’est lorsque la description d’un type de personne semble précise mais est en fait si générique que presque 100 % des gens qui la rencontrent peuvent s’y identifier. On le rencontre souvent dans les prédictions de type « horoscope » et dans les descriptions de pathologies fictives mises en avant par les charlatans.

[6]Sources : Doreen Virtue et son livre « The Crystal Children », https://etreparents.com/comment-savoir-si-mon-enfant-est-un-enfant-cristal/ , https://voyancequalite.com/2023/05/15/enfant-cristal-comprendre/ , https://santecool.net/enfants-cristal-les-guerisseurs-et-artisans-de-paix/

[7]Le bébé qui fait revenir le beau temps émotionnel, en quelque sorte.


1 commentaire
  • Je ne connaissais rien sur les enfants indigo, maintenant grâce à vous j’en connais un peu plus et j’ai envie d’en savoir encore plus donc je vais faire des recherches. Merci
    Je lis tout ce que vous écrivez, vous et vos collègues, j’adore

    Veronique le

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