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Autisme, dopamine et probabilités

- Julie BOUCHONVILLE

Autisme, dopamine et probabilités

Une étude parue en mai dernier dans le American Journal of Pathology[1] examine la corrélation possible entre l’autisme et une perturbation de la signalisation dopaminergique[2] [3] dans les stades les plus précoces du développement cérébral, y compris pendant la grossesse. Cela ouvre des pistes tant au niveau de la prévention de l’autisme, que vis-à-vis d’une prise en charge précoce.

Examinons les points soulevés.

(NB : j’ai jugé bon de commencer cet article par un rappel de ce qu’est la dopamine et comment fonctionnent les neurotransmetteurs, afin que la suite soit plus parlante pour mon lecteur peu familier avec ces concepts. Ce long préambule est un peu sec, j’en ai conscience, mais il me semblait utile.)

 

Qu’est-ce que la dopamine ?

La dopamine est un neurotransmetteur : elle va permettre à diverses parties du système nerveux de communiquer entre elles, déclenchant et/ou modulant de longues chaînes de réactions chimiques et électriques qui vont, en bout de course, influencer le comportement des sacs de viande que nous sommes et assurer notre survie.

Elle est synthétisée dans les neurones à partir d’un acide aminé[4], et elle intervient dans plusieurs fonctions complexes qui incluent entre autres des mécanismes de récompense/motivation, de mémorisation, de régulation du cycle sommeil/veille et de fonctions autonomes comme le rythme cardiaque, etc. Elle est souvent caricaturée en « molécule du plaisir » ou « hormone de la récompense », mais son rôle est plus subtil que cela[5].

 

Comment fonctionne un neurotransmetteur ?

Les cellules nerveuses, les neurones en particulier, peuvent être considérées comme de vastes réseaux ou de multiples chaînes, régulièrement parcourues de différence de potentiel électrique. Ces différences de potentiel, lorsqu’elles se propagent, déclenchent des réactions chimiques simples à l’échelle de chaque cellule, mais incroyablement complexes à l’échelle du corps.

Imaginons un neurone qui produit de la dopamine. Il la libère suite à une réaction électrochimique qui a joué le rôle de stimulation extérieure. La dopamine se retrouve à flotter dans l’espace entre deux cellules nerveuses, qu’on appelle ici la fente synaptique. Elle va être captée par des récepteurs à dopamine, dont il existe plusieurs types, qui se trouvent sur le neurone suivant[6]. Elle se fixera sur ces récepteurs, selon un système de clef-serrure, et ce faisant, déclenchera une nouvelle réaction électro-chimique au sein de ce neurone, qui va à son tour effectuer une action.[7]

 

Comment l’action d’un neurotransmetteur est-elle perturbée ?

De plusieurs façons ! Que ce soit le fait d’une pathologie ou d’un traitement médical visant à corriger un déséquilibre, le comportement de ces substances peut être impacté, et comme on voit qu’elles interviennent dans des réactions en cascade, même une légère modification peut avoir de grandes conséquences. Je ne citerai ici que deux méthodes, courantes dans le milieu thérapeutique, mais elles ne sont pas les seules.

D’abord, on peut modifier la recapture d’un neurotransmetteur. La recapture, c’est un phénomène au cours duquel un neurone producteur d’un neurotransmetteur va littéralement recapturer les molécules qui n’ont pas servi (ou qui ont servi et existent désormais sous une forme légèrement modifiée). Ce mécanisme permet d’éviter le gâchis, en un sens, puisque ces molécules peuvent être recyclées plutôt que d’en produire de nouvelles, ce qui serait plus coûteux pour l’organisme. La recapture se fait avec un transporteur membranaire, une molécule complexe qui va servir à la fois de harpon et de monte-charge pour le neurone, et qui va amener le neurotransmetteur à l’intérieur de sa membrane cellulaire.

Si une substance vient perturber l’activité des transporteurs membranaires, les molécules du neurotransmetteur non utilisées, c’est-à-dire qui ne se sont pas fixées sur un récepteur, auront une chance de le faire. En effet, les molécules de neurotransmetteurs qui ont fait leur travail ne restent pas indéfiniment sur les récepteurs, elles s’en détachent après un temps (variable selon la réaction). S’il reste des neurotransmetteurs non utilisés à proximité, ils ont alors la possibilité de se fixer à leur tour sur les récepteurs.

En France, un inhibiteur de la recapture de la dopamine appelé méthylphénidate est commercialisé sous le nom de Ritaline, et permet de traiter les troubles de l’attention. Chez un individu dont les neurotransmetteurs ne fonctionnent pas exactement comme prévu, la Ritaline peut corriger le souci et lui permettre d’expérimenter ce que les individus non pathologiques vivent au quotidien. Pour une personne n’ayant pas de trouble de l’attention, en revanche, la Ritaline est un stimulant puissant et sa consommation récréative est interdite.

 

Une autre manière courante de moduler l’action d’un neurotransmetteur est de fournir une molécule — ou favoriser sa synthèse dans l’organisme — dite antagoniste, c’est-à-dire une molécule qui empêcher la bonne liaison du neurotransmetteur à son récepteur. Ne pouvant pas se lier, ou pas bien, le neurotransmetteur ne peut pas faire son travail correctement et son action est forcément moindre.

En France, un antagoniste de la dopamine est le dompéridone[8], une substance qui limite les nausées : comme un excès de dopamine dans les neurones de l’estomac peut provoquer des vomissements en activant trop leurs récepteurs, le dompéridone en se fixant aux récepteurs et en les rendant indisponibles va permettre de stopper le phénomène qui crée des nausées.

 

Quel rapport entre autisme et dopamine ?

Un premier élément à prendre en compte est que les personnes autistes ont, souvent, un taux de dopamine inférieur aux non-autistes[9], ce qui semble logique pour quiconque connaît la comorbidité massive qu’il existe entre TSA et TDAH. Il est donc pertinent de se pencher sur les mécanismes dopaminergiques d’emblée.

De plus, la dopamine est impliquée dans des phénomènes de croissance neuronale et de développement du système nerveux[10], ce qui là encore fonctionne avec ce que l’on sait de l’autisme : il existe des différences neurologiques entre le cerveau autiste et le cerveau non autiste, que ce soit en termes d’étapes de développement, de fonctionnement ou d’architecture des connexions une fois le développement terminé.

La question est donc : dans quelle mesure l’exposition à une substance qui viendrait modifier la manière donc la dopamine fonctionne au sein du système nerveux, à un stade de développement précoce, pourrait amener en bout de chaîne l’ensemble de symptômes que nous appelons l’autisme ?

 

Je donne rendez-vous à mon lecteur la semaine prochaine pour y répondre, cet article étant déjà long.

 

[1]https://ajp.amjpathol.org/article/S0002-9440(24)00086-5/fulltext#%20

[2]Une manière compliquée de dire que la dopamine ne fait correctement son boulot

[3]Une note dès l’intro, c’est un nouveau record personnel

[4]La tyrosine

[5]Par exemple, la dopamine est aussi présente dans le système nerveux périphérique, c’est-à-dire celui qui innerve tout notre corps. Un excès de dopamine dans les cellules nerveuses de l’estomac peut provoquer des vomissements, ce qui n’a rien à voir avec le bonheur ou la récompense.

[6]Ainsi que sur le neurone producteur lui-même.

[7]Je simplifie, et ces réactions n’ont pas lieu un neurone à la fois mais par bouquets entiers, mais l’idée générale est là.

[8]Bien qu’on prenne le dompéridone par voie orale, il n’influence pas du tout la dopamine qui se trouve dans le système nerveux central et donc le cerveau : il ne peut pas passer la barrière hématoencéphalique, sorte de filtre qui protège le cerveau en limitant les substances qui peuvent s’y retrouver. La dopamine non plus ne pas passer cette barrière : il est hélas parfaitement possible d’avoir trop peu de dopamine dans son cerveau mais trop dans son estomac.

[9]https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(05)63326-0/abstract

[10]https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33278505/


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